L'heure au Japon

Parution dans le n°27 (février 2013)

Grâce à un essai et un manga, il est possible d’explorer le Japon des années 1930 et 1940 à un moment où il a choisi la voie du chaos. Dans le cas où il serait impossible d’amener la Chine à comprendre notre position, alors Nanking [la capitale de la République de Chine] doit être le plus rapidement attaquée, et le Nord et le Centre de la Chine occupés”. Ces quelques mots sont signés Ishiwara Kanji. Pour la plupart d’entre nous, ce nom n’évoque rien. Pourtant, cet homme est celui qui déclencha la guerre en Chine et contribua à précipiter le Japon dans un conflit qui se soldera, en 1945, par une défaite cuisante. C’est son histoire que le journaliste Bruno Birolli rapporte dans cet ouvrage sorti à la fin de l’année 2012 au moment où la chaîne de télévision Arte (co-éditirice de l’ouvrage) diffusait un documentaire sur ce personnage dont l’influence est considérable à la fin des années 1920. Quelques années auparavant l’Américain Lebbeu R. Wilfley avait publié une tribune prémonitoire, dans les colonnes du New York Times, sur les dangers liés aux désirs expensionnistes du Japon. “Si celui-ci poursuit son programme tel qu’il a décidé, l’équilibre de l’Extrême-Orient, que les Etats-Unis ont installé sous leurs directions, sera compromis, et seront posées les conditions pour une seconde guerre mondiale dans un avenir pas très éloigné”, écrivait-il au moment même où Ishiwara rêve justement de mettre un terme à la domination de l’Occident en Asie. Issu d’une famille de samouraïs pauvres, il n’a pas eu d’autres choix que de faire des études militaires, les seules accessibles gratuitement. Très vite, il baigne dans la nationalisme et devient lui-même théoricien  d’un panasiatisme ...

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