
Avant d’être publiés dans des grands magazines, ils sont nombreux à faire leurs classes dans des publications alternatives. En cette ère où les blogs et la communication électronique sont en passe de s’imposer, le Japon semble être l’un des derniers pays où les gens continuent à prendre plaisir à lire des documents imprimés. Et des rendez-vous importants comme le Tokyo Art Book Fair sont fréquentés chaque année par des milliers de jeunes enthousiastes. Parmi ces publications qui attirent, figurent les fanzines. Bon marché, réalisés avec des bouts de ficelle et diffusés en petite quantité (de 100 à 200 exemplaires), ils appartiennent à cette catégorie d’objets fabriqués selon la philosophie du bricolage. Les fanzines font partie d’un univers éditorial à part et sont échangés entre amis ou distribués par courrier et lors d’événements particuliers. Au Japon, notamment, le monde du fanzine est très restreint et ses publications sont la plupart du temps oubliées par le radar de la culture dominante. L’exception notable à ce phénomène sont les dôjinshi ou magazines de mangas indépendants qui ont pour particularité de reprendre des personnages de séries importantes, de romans ou de films pour les faire évoluer dans de nouvelles histoires ou des mondes parallèles. Certaines de ces dôjinshi sont très populaires et se vendent à plusieurs milliers d’exemplaires. Elles sont évidemment hors la loi puisqu’elles enfreignent le droit du copyright, mais les éditeurs japonais évitent de les traîner en justice, car elles jouent en définitive un rôle important dans la création d’une base de fans pour les personnages qu’elles détournent. Narita Keisuke, 35 ans, est sans doute le plus connu de tous les acteurs de ce secteur. Depuis des années, il promeut cette philosophie et organise régulièrement des rassemblements d’éditeurs de fanzines à Tôkyô. Il édite Expansion of Life, une publication qui explore notamment le véganisme, le féminisme et le monde de l’homosexualité. Tandis qu’il représente la vieille garde de la scène underground, une nouvelle génération commence à apparaître avec des personnages comme Nakano Nami. Ses mangas baptisés de façon ironiques “amitié romantique” n’ont évidemment rien à voir avec les œuvres qui connaissent tant de succès dans l’archipel et à l’étranger. Ses histoires érotiques comportent souvent des mots obsènes et sont très proches de l’esprit du mensuel Garo. “Plutôt que d’essayer de choquer mes lecteurs, je cherche à dire que nous devons essayer de vivre de façon plus spontanée sans avoir à nous cacher derrière un masque”, explique-t-elle. Comme dans d’autres pays, les fanzines japonais actuels sont très liés à la scène punk ou à l’esprit contestataire tel qu’il existait dans les années 1960. Ils s’intéressent principalement à la musique et aux styles de vie alternatifs. Dans le...
