
Ce qu'un homme ne dit pas est le sel de la conversation, dit un proverbe nippon. Et quand il parle, que dit-il alors? Tout cinéphile qui se respecte connaît les films d'Ozu et a notamment en mémoire le formidable Bonjour (Ohayô, 1959) où deux jeunes frères décident de faire la grève de la parole pour protester contre leur père qui leur interdit d'aller regarder la télévision chez leur voisin. Symbole des mutations du Japon de l'époque, la télévision est ici perçue comme un élément intrusif plutôt que comme un facteur de progrès. Pour quelqu'un comme Pipo qui cherche avant tout à s'immerger dans la langue japonaise, les programmes télé, outre le berceau d'une culture audiovisuelle qui le rend plus réceptif à toutes les surprises d'un séjour linguistique au Japon, sont aussi un très bon moyen d'élargir sa perception du japonais au quotidien. Pourtant, regarder un tournoi de sumo en rentrant de l'école, les yeux rivés à l'écran, immobile et muet, c'est autant de temps perdu à ne pas communiquer, à ne rien exprimer et à ne percevoir finalement que ce qui se passe à l'intérieur du poste de télévision,...
