
On pourrait être tenté de croire que le travail de l’artiste est dénué de sens, mais ce qui est souvent présenté comme “l’anti manga” est au contraire chargé de sens et fait appel justement à la capacité des lecteurs de le trouver. Lorsqu’on se retrouve confronté à Seventeen, on comprend très vite où le dessinateur nous entraîne. La critique du consumérisme, du corporatisme, de la violence organisée par l’Etat ou encore de la dépendance du Japon à l’égard des Etats-Unis est au cœur de son œuvre, laquelle va prendre une autre tournure au cours de l’année suivante avec la publication successive dans les numéros de décembre 1968 et de janvier 1969 de deux récits où il repousse encore les limites. Dans le premier qui ne porte pas de titre et qui se distingue par ailleurs par l’absence de textes dans les bulles, il évoque la tendance de la société à accepter l’inacceptable sans aucune remise en question. Au milieu d’images de guerre, de destruction, la plupart des personnages ont le sourire comme si de rien n’était. Dans cette histoire comme la seconde parue sous le titre Débat sur la guerre du Vietnam (Betonamu tôron), l’auteur fait appel à une nouvelle technique qui s’apparente davantage à du collage d’images récupérées dans des publications qu’il retravaille pour leur donner une unité graphique. Repris dans le recueil du Lézard noir, Débat sur la guerre du Vietnam voit ses bulles...
