L'heure au Japon

Parution dans le n°128 (mars 2023)

Eric Rechsteiner pour Zoom Japon Notre photographe a sillonné la région autour de Fukushima Daiichi. Il rend compte des changements opérés. Le visiteur qui emprunterait aujourd’hui la route nationale numéro 6 qui relie Tôkyô à Sendai dans la région du Tôhoku (nord-est de l’archipel), et longe à la verticale la côte de la préfecture de Fukushima, pourrait ne pas se rendre compte qu’il vient de traverser les zones les plus affectées par la triple catastrophe de mars 2011. La nationale 6 contourne pourtant à moins de 3 kilomètres la centrale Fukushima Daiichi, traverse les municipalités d’Ôkuma, Futaba, Namie et des secteurs aujourd’hui encore très contaminés, qui ne peuvent d’ailleurs être traversés qu’en voiture, et qui sont désignés officiellement par l’euphémisme “zones où il est difficile de retourner’’.Mais des vastes étendues de volumineux sacs noirs contenant des déchets contaminés, des bâtiments fantômes laissées à l’abandon, il ne reste vu de la route pratiquement rien. L’œil exercé pourrait sans doute remarquer le manque d’entretien des espaces publics et les nombreux terrains agricoles délaissés, mais à peine plus que dans certaines régions du Japon souffrant de dépopulation et d’exode rural. Les bâtiments abandonnés qui, 10 ans après la catastrophe, témoignaient encore par leur état de la violence du séisme, des dégâts infligés par le tsunami ou de la terreur causée par l’accident nucléaire sont rasés les uns après les autres, ceci même dans les zones où le niveau de radiation reste élevé et où le retour des résidents n’est pas envisageable.Y aurait-il de la part des autorités japonaise la volonté de faire disparaître toutes traces de la catastrophe ? La visite de la commune de Futaba offre une réponse à cette question et donne un bon aperçu de l’ambition du gouvernement et de l’avancement de son projet. Les logements abandonnés après la catastrophe encore présents en 2021 ont finalement été rasés. / Eric Rechsteiner pour Zoom Japon En mars 2011, toute la population de Futaba, petite commune rurale sur le territoire de laquelle est installée la centrale nucléaire, fut évacuée suite à l’accident nucléaire. Aujourd’hui 3 % de la surface de la commune a été réouvert aux visiteurs, puis aux premiers résidents permanents en février 2022. Pour ce faire, 25 nouveaux logements ont été reconstruits aux abords d’une nouvelle gare. A cela s’ajoute, entre autres, la construction à grand frais du musée mémorial de la catastrophe nucléaire, d’un centre pour l’industrie, de nouvelles routes, de bureaux pour PME, d’un hôtel, de magasins de souvenir, d’une luxueuse mairie et d’une digue de béton gigantesque censée protéger le tout en cas...

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