L'heure au Japon

Parution dans le n°61 (juin 2016)

43 jours pour aller du nord au sud de l’archipel. Un formidable périple réalisé par un groupe de copains. Parcourir le Japon à pied est devenu au fil des ans une sorte de sous-genre dans la littérature consacrée aux voyages. En commençant par Alan Booth, auteur des Chemins de Sata [Actes Sud, 1992], quelques audacieux (certains diraient des fous) ont parcouru en marchant la distance qui sépare le cap Soya (le point le plus au nord du Japon) au Cap Sata (son point le plus méridional). En 2011, l’Américain Andrew Marston a décidé de faire la même chose, mais peu porté sur la marche, il a opté pour une bicyclette et entraîné ses deux amis Dylan Gunning et Scott Keenan pour ce long périple. Cela a donné l’ouvrage électronique Japan by bicycle, lequel retrace leurs 43 jours d'aventure sur plus de 5 600 kilomètres. Andrew Marston a eu la gentillesse de revenir sur son voyage pour Zoom Japon. Pourquoi avez-vous décidé d’entreprendre un tel voyage ? Andrew Marston : Tout a commencé aux États-Unis quand j'étais à l’université. A cette époque, je voulais aller au Japon et j'ai entendu parler de Tyler MacNiven et Craig Stanton qui, en différentes occasions, avaient traversé le pays à pied. Cinq jours après l'obtention de mon diplôme en 2009, j’ai finalement pris l'avion pour l’archipel où j’ai trouvé un emploi comme professeur d'anglais dans la préfecture de Fukuoka, sur l’île de Kyûshû. Deux ans plus tard, j’ai décidé de retourner aux Etats-Unis. C’est à ce moment-là que je me suis souvenu des voyages de Tyler et Craig et je me suis dit que, s’ils avaient pu le faire, pourquoi pas moi. Il était important pour moi de me prouver que j’en étais capable. Puis, un mois avant le début du voyage, se sont produits le tremblement de terre et le tsunami qui ont ravagé la région du Tôhoku. Nous avons transformé notre périple en une collecte de fonds qui nous a permis de récolter plus de 13 500 dollars pour les victimes de la catastrophe. Vous êtes-vous préparés pour ce long trajet ? A. M. : Mettre sur pied cette aventure a été en réalité beaucoup plus facile que je ne le pensais initialement. J’avais acheté tout l'équipement aux Etats-Unis lors de mon passage en 2010. Les seules choses que j’ai achetées au Japon ce sont les chambres à air car celles dont je disposais avaient des valves rares au Japon. Je pense que j’aurais dû installer des sacoches à l’avant afin de mieux répartir le poids sur mon vélo. Pour ce qui est de l’organisation, je pense que Scott et Dylan ont dû faire plus de concessions que moi dans la mesure où ce voyage les obligeait à interrompre leur vie pendant deux mois. Nous n’avons pas choisi notre itinéraire avant de partir, préférant avancer au fur et à mesure, en utilisant mon iPhone et un petit guide que nous avions acheté avant de partir. Comment la catastrophe du 11 mars 2011 a-t-elle affecté votre projet ? A. M. : Il est évident que les questions de sécurité primaient sur le reste. Nous avons donc envisagé de modifier notre route. Comme plans de rechange, nous avions pensé éviter le Tôhoku en prenant un ferry jusqu'à Hokkaido ou encore de faire une simple boucle dans le sud de l’archipel voire même de ne plus parcourir le Japon pour nous concentrer sur la seule Corée du Sud. Heureusement, nous avons pu en définitive suivre notre itinéraire initial. Quel a été le pire moment au cours de votre long périple ? A. M. : Je suppose que ce sont les derniers 20 km qui nous menaient au Mont Fuji sous une pluie torrentielle d'un typhon après minuit, le 27e jour. Nous voulions arriver chez notre hôte avant le typhon qui approchait. Mais nous avons réalisé que sa maison se situait à environ 30 km plus loin que nous l'avions prévu et nous nous sommes retrouvés à pédaler sous des tonnes d’eau vers minuit. Pour aggraver les choses, nous avons par erreur bifurqué sur l’autoroute. Avez-vous des conseils à donner à des personnes qui souhaiteraient faire comme vous ? A. M. : Avant de commencer, l’important est d’en apprendre le plus possible sur votre vélo et d’être capable de vous en occuper tout au long du périple. Il faut aussi que vous soyez en bonne forme physique. Avant de partir, je pense que je n’avais pas fait plus de 30 km à bicyclette et je l’ai payé chèrement au cours des deux premières semaines. Si je dois refaire quelque chose de similaire à l'avenir, je m’entraînerai deux mois à l'avance au moins quatre jours par semaine. Et si vous venez de l'étranger, consultez les règlements de la compagnie aérienne sur ...

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