L'heure au Japon

Parution dans le n°95 (novembre 2019)

Pour Tasaki Shin’ya, l’un des meilleurs spécialistes mondiaux du vin, la production nippone ne manque pas de caractère. Quand on évoque le vin japonais, peu de gens sont aussi compétents que le sommelier et expert en spiritueux, Tasaki Shin’ya. Diplômé de l'Académie du vin de France (cours de sommelier), il a remporté en 1983, à l'âge de 25 ans, le troisième Concours de sommeliers du Japon et en 1995, il a été reconnu meilleur sommelier du monde. Zoom Japon l’a rencontré à Tôkyô pour parler du présent et de l’avenir du vin nippon. J'ai entendu dire qu’à l’origine, vous vouliez être chef de cuisine. Comment avez-vous fini par devenir sommelier ? Tasaki Shin’ya : C’est une histoire assez simple. A mes 16 ans, lorsque j’ai décidé de travailler dans la restauration, le métier de sommelier n’était pas une profession bien établie au Japon. Il était alors impossible d’obtenir une licence. Au début des années 1970, la seule carrière qui s’offrait était celle de chef. J’ai donc commencé à travailler dans un restaurant japonais, puis dans un établissement de cuisine française. Là, j’ai été fasciné par le service accordé au client. Dans les restaurants japonais traditionnels, il s’agit d'un travail réservé au personnel féminin. les hommes préparent la nourriture et les femmes s’occupent des clients. Mais dans les restaurants français, de nombreux hommes travaillent également dans le service. Je suis donc passé au service, voulant devenir maître d’hôtel. Mais à l’époque, je ne connaissais rien au vin, je n’en avais même jamais goûté. C’était un handicap puisque dans les restaurants français, bien sûr, la plupart des clients boivent du vin. Donc, à partir de 19 ans, j’ai passé trois ans en France pour apprendre tout ce que j’avais besoin de savoir et j’ai finalement obtenu mon diplôme d’une école de sommelier. Après mon retour au Japon, j’ai remporté le concours national de sommelier. Tout à coup, tout le monde a voulu me parler du vin, en particulier de la façon de mieux marier le vin et la cuisine japonaise - une chose encore inconnue à ce moment-là. J’ai donc finalement décidé de devenir un sommelier professionnel. Au Japon, le vin n’a pas la même cote de popularité qu’en France ou en Italie où il est consommé quotidiennement. Quelle est l’image actuelle du vin au Japon ? T. S. : Bien sûr, le marché local n’est pas aussi important qu’en Europe. Cela s’explique par le fait que, comparé à d'autres pays, le Japon offre un choix plus large de...

Réservé aux abonnés

S'identifier S'abonner

1 2
Exit mobile version