
Vous rappelez-vous des épisodes particuliers pendant le tournage ? Y. T. : À ma grande surprise, le script était bourré de pages blanches. Chaque jour, après le tournage, Ôshima écrivait quelques nouvelles pages pour le lendemain, en fonction de l’ambiance sur le plateau. Personne, y compris le réalisateur, ne savait à quoi ressemblerait l’histoire à la fin. On peut parler d’improvisation permanente. Je suppose que vous pouvez dire qu’il s’agissait de la façon de faire des films à la mode nouvelle vague. Ensuite, on a vu apparaître ces types effrayants, comme le scénariste Adachi Masao qui a plus tard rejoint l’Armée rouge japonaise. J’étais comme dans un état second. Je n’étais jamais sûr de ce qu´on me demanderait de faire ensuite. En outre, en tant que non-professionnel, l'apprentissage du texte dans des délais très courts représentait un sacré défi. J’avais un mal fou à m’en souvenir. Cela dit, je n’étais pas tenu de répéter exactement ce qui était écrit sur les pages qui m’avaient été remises, et Ôshima ne se souciait même pas de mon accent de la région du Kansai. Ôshima était-il exigeant sur le plateau ? Y. T. : Il l’était avec tout le monde sauf avec moi, probablement parce que je n’avais aucune expérience. Je suppose qu’il craignait de me voir quitter le film s'il se mettait en colère contre moi. C’est plutôt son assistant qui s’en prenait à moi quand je ne respectais pas les marques ou que j’oubliais le dialogue. Au fond, Ôshima n’y accordait pas beaucoup d’importance. Après tout, je n’étais pas la vedette, car le véritable protagoniste du film était le quartier de Shinjuku. L’une des scènes les plus célèbres du film est celle où vous...
