L'heure au Japon

Parution dans le n°110 (mai 2021)

Kashi Hiroshi est le producteur exécutif de Seiten wo Tsuke qui enregistre un succès certain. / NHK La chaîne publique NHK a choisi d’en faire le personnage central de sa grande série annuelle. Et ça marche ! Au milieu de l’impressionnant nombre d’émissions de télévision au Japon, une place d’honneur est occupée par les Taiga dorama, ces séries au long cours, produites par la NHK, le réseau public. Il s’agit de drames historiques qui s’étalent sur une année, de janvier à décembre, chaque épisode de 45 minutes étant diffusé le dimanche soir. Bien que quelques histoires aient mis en scène des personnages centraux fictifs, la plupart de ces dramatiques se concentrent sur un personnage historique célèbre (généralement un homme) pour présenter le côté humain d’un certain moment de l’histoire du Japon. L’industriel Shibusawa Eiichi a été choisi comme thème de l’année 2021.Bien que, depuis leur création en 1963, les Taiga dorama soient considérées par les téléspectateurs comme les plus prestigieuses parmi les dramatiques réalisées au Japon, leurs taux d’audience ont considérablement baissé ces dernières années. Le fait que celle de cette année, Seiten wo Tsuke [Dépasser le ciel bleu], a débuté avec un taux d’audience encourageant de 20 % a donc suscité un certain engouement, puisque c’était la première fois en huit ans qu’une de ces séries atteignait un si bon résultat. Zoom Japon s’est entretenu avec le producteur exécutif de la NHK, Kashi Hiroshi, qui a travaillé sur cette série fleuve. Pourquoi avez-vous choisi Shibusawa Eiichi comme thème pour le Taiga dorama de 2021 ?Kashi Hiroshi : Ces séries sont des spectacles assez uniques car ce sont des productions qui durent toute l’année et qui demandent une grande planification. En fait, le thème est choisi deux à trois ans avant sa réalisation. Notre tâche consiste à imaginer à quoi ressemblera le Japon trois ans plus tard et à choisir un sujet qui résonne avec le public de la télévision à ce moment précis.Lorsque nous avons choisi le sujet de cette année, tout le monde parlait des prochains Jeux olympiques. Nous avons pensé que l’élan positif créé par cet événement donnerait au pays l’occasion de prendre un nouveau départ et de connaître un avenir plus brillant et prospère.Shibusawa Eiichi est, sans aucun doute, un choix inhabituel pour un héros. Après tout, les personnages les plus populaires des Taiga dorama sont des figures romantiques telles que Sakamoto Ryôma, réformateur visionnaire de la fin de la période Edo (1603-1868), mort à 31 ans. Cependant, bien qu’à première vue l’entrepreneur n’ait aucun attrait particulier, il a accompli des choses extraordinaires au cours de sa vie. Par exemple, alors que Sakamoto appelait à une réforme sociale, Shibusawa a mis ces idées en pratique en transcendant son statut de fermier et en travaillant pour le futur shogun avant de devenir un bureaucrate de premier plan et de bâtir l’économie moderne du Japon. Puis la pandémie de la Covid-19 a éclaté, mettant les Jeux olympiques en suspens et causant toutes sortes de problèmes. Néanmoins, je pense que l’histoire de Shibusawa Eiichi prend tout son sens en ces temps troublés. Shibusawa était une personne qui a accompli de nombreuses choses tout au long de sa vie. Au moment d’écrire le scénario, comment avez-vous choisi ce qui serait diffusé à la télévision ?K. H. : Chaque fois que nous travaillons sur une nouvelle production, nous rassemblons toutes sortes de documents et de matériaux afin de raconter une histoire qui soit aussi fidèle que possible aux événements historiques que nous dépeignons. Bien sûr, certaines parties sont romancées, mais en règle générale, nous nous efforçons de rester aussi proches que possible de la vérité. Avec Shibusawa, nous avons eu beaucoup de chance car nous avons pu trouver de nombreuses informations. Son matériel autobiographique représente à lui seul soixante volumes de journaux intimes extrêmement détaillés. Et nous avons pu faire de même avec Tokugawa Yoshinobu, le dernier shogun.Shibusawa Eiichi a eu une vie exceptionnellement longue, surtout pour l’époque, et nous nous sommes vite rendu compte que pour raconter toute son histoire en détail, il faudrait non pas une, mais deux ou trois années. Nous avons donc décidé de nous concentrer sur sa jeunesse, car c’est au cours de ces années qu'il a formé sa personnalité et développé les idées...

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