L'heure au Japon

Parution dans le n°84 (octobre 2018)

Imada Miho fait partie de la génération des kuramoto tôji. Traditionnellement, le kuramoto, patron de la brasserie, ne s’occupait pas de la production de saké, mais se concentrait sur la gestion de la brasserie et engageait le tôji, le responsable de la production. Or, depuis une vingtaine d’années, surtout dans les petites et moyennes brasseries, les patrons se mettent eux-mêmes à produire le saké, à la fois pour faire face à la crise du milieu du saké dans les années 1990, faute de moyen pour engager des personnes, mais aussi pour insuffler un vent de fraîcheur, poussés par l’envie de créer des sakés libérés de certains clichés. C’est cette génération qui, souvent, se réorientait professionnellement pour rentrer reprendre l’affaire familiale, ou se plongeait dans le milieu par passion. Imada Miho ne fait pas exception. Au début, loin d’elle l’idée de rentrer dans sa contrée natale pour prendre la succession de la brasserie familiale. En pleine bulle économique des années 1980, diplôme d’université en poche elle travaille pendant dix ans dans le monde de la culture, et s’occupe surtout de la production de nouvelles pièces de théâtre nô. Le groupe qui promouvait la création du nouveau nô recevait à l’époque d’importants soutiens de mécènes japonais, et elle s’est même rendue au festival d’Avignon, pour présenter la création de Teshigawara, emmenant avec elle toute une troupe d’acteurs de nô… Mais au début de la décennie suivante, c’est la crise et elle perd son poste, tandis que la brasserie familiale risque la faillite. Elle est l’aînée de cinq frères et sœurs, dont ...

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