L'heure au Japon

Parution dans le n°52 (juillet 2015)

Pour la première fois de son histoire, le groupe tokyoïte va tenter de conquérir le cœur des Européens. Le rock et le rhythm & blues ne manquent pas de bons représentants sur la scène japonaise, mais peu de groupes ont connu le même succès que The Bawdies. Ce quatuor stylé originaire de Tôkyô est composé de Ryo “Roy” Watanabe (basse, chant), Taku “Taxman” Funayama (guitare, chant), Yoshihiko “Jim” Kimura (guitare, chant) et Masahiko “Marcy” Yamaguchi (batterie, chant). Il a réussi à séduire de très nombreux fans avec son rock’n roll énergique et contagieux. Nous avons rencontré les quatre musiciens à Shibuya, au siège de JVC, leur maison de disque, avant qu’ils n’entament leur première tournée européenne qui les conduira à Belfort pour les Eurockéennes, à Paris et à Londres. Il paraît que vous vous connaissez depuis longtemps… Roy : C’est vrai. Jim, Marcy et moi, on se connaît depuis l’école primaire. Nous avons fréquenté la même école pendant 12 ans. Pour ainsi dire, nous avons grandi ensemble. On pourrait même dire que nous sommes comme des frères. Pendant toutes ces années, nous avons même joué au basket ensemble. Je crois que cette expérience a rendu notre amitié encore plus forte. Taxman a rejoint le gang plus tard quand nous l'avons rencontré au lycée. Comment se sont passées les premières années entre vous ? Roy : On passait notre temps à jouer au basket. Nous aimions aussi la musique bien sûr, en particulier des groupes comme NOFX et Green Day, ou encore le groupe japonais Hi-Standard. Nous avions aussi l’habitude d’aller au Fuji Rock Festival. Au lycée, on a commencé à jouer de la guitare, mais nous ne nous étions pas encore pris au jeu. Certains de nos amis, par exemple, avaient déjà formé leurs propres groupes, mais pour nous, c’est le basket-ball qui comptait le plus. A quel moment la musique a-t-elle pris le dessus sur le basket ? Roy : Lorsque nous avons terminé le lycée, nous avons aussi laissé tomber le basket. Mais nous voulions trouver une activité à travers laquelle nous pourrions canaliser notre énergie. Un jour, Jim et moi étions dans un magasin de disques quand nous avons entendu une chanson des Sonics, un groupe américain des années 1960 dont nous n’avions jamais entendu parler auparavant. Ça nous a complètement scotchés. Nous n’avions jamais imaginé qu’il puisse exister, il y a 50 ans, bien avant que le punk n’apparaisse, des groupes capables de jouer une musique aussi intense et puissante. Nous sommes instantanément devenus accros. Et vous avez décidé de créer tout de suite un groupe ? Roy : En fait notre première réaction a été de faire la promotion de cette musique. Nous étions sûrs que beaucoup d'autres jeunes comme nous, surtout au Japon, auraient la même réaction que nous en écoutant ces chansons. Le problème était que nous ne connaissions rien sur les Sonics. Nous savions seulement que le groupe avait sans doute cessé d’exister il y a des années et qu’il ne se produisait plus. Nous avons donc décidé de faire autre chose de bien plus intelligent, à savoir de former notre propre groupe et de laisser les gens découvrir cette musique grâce à nous. Vous étiez alors à l’université ? Roy : Oui. The Bawdies a officiellement vu le jour en 2004, mais avant cela, nous avons passé trois années à répéter et à perfectionner nos compétences. J’ai baptisé cette époque notre “sakoku jidai” [période d'isolement, en référence à la fermeture du Japon entre le XVIIe et le milieu du XIXe siècle]. Pendant ces trois ans, nous n'avons jamais fait de concert. Nous avons passé tout notre temps à écouter la musique rock des années 1950 et 1960 (Chuck Berry, Little Richard, etc.) et à nous entraîner à jouer à la manière des Beatles et des Rolling Stones. Plutôt que chercher à jouer simplement ces chansons et ces artistes, nous voulions atteindre un stade qui nous permette de reproduire parfaitement ces œuvres. A cette époque, nous ne pensions pas à passer pro, voire même à gagner de l'argent. Nous étions juste obsédés par l'écoute et l’exécution de cette musique. Au Japon, les groupes revivalistes ne manquent pas. En quoi The Bawdies se distingue de formations comme The Birthday ou The Predators ? Roy : La plupart des groupes japonais ont été influencés par les mods britanniques et d’autres groupes de rock blancs. Dans notre cas, nous apprécions particulièrement la musique noire (soul, R & B) et des musiciens de rock noirs comme Chuck Berry. Aujourd’hui, il y a bien quelques groupes japonais qui s’intéressent à ces artistes, mais quand nous avons commencé, nous étions les seuls. Je trouve que votre style vocal convient très bien à votre genre musical. Est-ce...

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