L'heure au Japon

Parution dans le n°49 (avril 2015)

Avec La Maison au toit rouge, Yamada Yôji a pu enfin  obtenir une véritable reconnaissance internationale. Plusieurs vétérans issus du système des anciens studios mis à mal par l’avènement de la télévision continuent de travailler. A 83 ans, Yamada Yôji est néanmoins le seul à travailler pour le studio avec lequel il avait démarré en 1954. Il a dirigé quelque 81 films pour la Shôchiku dont l’origine remonte à 1920 et qui a été entre autres la maison d’Ozu Yasujirô et d’Ôshima Nagisa. C’est la série Otoko wa tsuraiyo [C’est dur d’être un homme, voir pp. 16-17] qui a été la principale source de succès de Yamada et ce qui lui a permis de bâtir sa réputation. Les 48 films tournés entre 1969 et 1995 ont non seulement permis au cinéaste de conserver son emploi, mais aussi au studio de rester financièrement à flots. Il a aussi obtenu sa part de renommée internationale grâce à sa trilogie de films de samouraïs, volontiers humaniste, constituée par Le Samouraï du crépuscule (Tasogare Seibei, 2002), Le Samouraï et la servante (Kakushi ken oni no tsume, 2004) et Love and Honnor (Bushi no ichibun , 2006). Le Samouraï du crépuscule étant le tout premier film en costumes réalisé par Yamada. Racontant l’histoire d’un samouraï de rang inférieur obligé de prendre les armes pour défendre l’honneur de sa famille, ce film a valu à Yamada d’être inscrit dans la sélection pour l’Oscar du meilleur film étranger et de recevoir 13 prix dont celui du meilleur réalisateur lors des récompenses annuelles du cinéma japonais. En dépit de ces nombreux prix, Yamada Yôji demeure encore un cinéaste négligé par la plupart des critiques et des spécialistes étrangers du cinéma, surtout lorsqu’il s’agit de comparer avec un réalisateur comme Ozu qui a fait le nom de la Shôchiku. D’une part, la série Otoko wa tsuraiyo lui a donné l’image d’un cinéaste populiste, pas très sérieux, alors qu’au Japon, son statut est bien plus élevé notamment grâce à son road-movie Shiawase no kiiroi Hankachi [Les mouchoirs jaunes du bonheur], de 1977 qui a été nommé parmi les 100 meilleurs films japonais du XXe siècle par Kinema Junpô, la plus ancienne revue de cinéma de l’archipel. La Maison au toit rouge (Chiisai ouchi) ne devrait pas bouleverser cette situation dans la mesure où l’on se trouve devant un drame familial dont Yamada s’est fait une spécialité. Né en 1931, le cinéaste a non seulement vécu la période 1935-1945 décrite dans le film, mais il a su mettre en évidence avec finesse tout ce qui fait le charme de ce film depuis la décoration jusqu’aux mœurs sociales. La maison au toit rouge semble tout droit venue du musée d'architecture situé dans le parc Koganei à Tôkyô, où l’on trouve des exemples remarquables de maisons du XIXe et au début du XXe siècle, ainsi que des bâtiments commerciaux, désormais rares in situ en raison des destructions de la guerre et de la période de reconstruction d'après-guerre. Le film...

Réservé aux abonnés

S'identifier S'abonner

Exit mobile version