L'heure au Japon

Parution dans le n°54 (octobre 2015)

Méconnu en France mais très célèbre au Japon, l’artiste est pour la première fois honoré en France. Pour la première fois en France, le célèbre peintre japonais de l’époque d’Edo, Utagawa Kuniyoshi (1797-1861), fait l’objet d’une grande exposition. Saluons le directeur du Petit Palais, Christophe Leribault et les commissaires de l’exposition Gaelle Rio et Iwakiri Yuriko qui ont choisi de faire connaître ce talentueux artiste. Si Hokusai, Utamaro et Hiroshige sont désormais familiers des amateurs d’art japonais, les musées français hésitent souvent à exposer des peintres inconnus dans l’hexagone et pourtant si célèbres au Japon. Cette flamboyante exposition s’attache à présenter les œuvres principales de Kuniyoshi qui excella dans tous les genres mais reste surtout le maître incontestable des estampes de guerriers et des estampes ludiques et satiriques. Originaire de la ville d’Edo, il naquit dans une famille d’artisans. Sa sensibilité artistique se développa au contact des motifs et couleurs des étoffes qui emplissaient l’atelier de son père, teinturier de son métier. Sa passion pour le dessin remonte à sa plus tendre enfance. Il s’amusait, dès l’âge de 7 ans, à copier les œuvres des artistes célèbres. La maturité du trait de sa peinture Shôki, le démon querelleur tenant une épée, surprit le peintre Utagawa Toyokuni II (1769-1825) qui le prit dans son atelier comme disciple, alors qu’il venait tout juste d’avoir quinze ans. Comme tous les artistes japonais, Kuniyoshi commença par des illustrations de récits populaires. Mais c’est surtout au monde de l’estampe ukiyo-e que son nom reste attaché. On estime qu’il créa plus de dix mille dessins (tout dessin se faisait au pinceau et à l’encre de chine) qui connurent, pour beaucoup, un grand succès. La réalisation d’une estampe xylographique polychrome était et demeure un travail d’équipe, avec à sa base un éditeur qui choisit le peintre en fonction des œuvres qu’il souhaite vendre. Le dessin du peintre, soumis à la censure, était ensuite transmis à un graveur qui devait graver autant de planches en bois de cerisier qu’il y avait de couleurs à imprimer. Il les confiait ensuite à un imprimeur . Les estampes devaient être belles, originales et suivre les tendances des goûts et de la mode du moment. Bon marché, on les achetait, ainsi que les livres illustrés, dans des magasins spécialisés (ezôshi-ya). Passées de mode, on les jetait sans regret, comme on le ferait aujourd’hui d’anciennes revues ou de vieux journaux. Ce n’est que dans la seconde moitié du XIXe siècle, lorsque des graveurs comme Félix Bracquemond, des hommes de lettres comme les frères Goncourt et des peintres comme Édouard Manet ou Claude Monet se prirent de passion...

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