
Film événement, Le Soldat dieu est une œuvre engagée et sincère sur les terribles conséquences des conflits armés. W akamatsu Kôji a toujours eu le mérite de s’intéresser à des sujets que la société japonaise bien pensante ne veut pas entendre tant qu’ils n’ont pas été filtrés des éléments qui pourraient remettre en cause son bon fonctionnement. Le réalisateur est le “clou qui dépasse”, le poil à gratter d’une conscience collective qui refuse de regarder en face son passé. Comme il l’avait fait de façon magistrale (n’ayons pas peur des mots) avec son docu-fiction United Red Army, Wakamatsu revient jeter un nouveau pavé dans la mare avec Le Soldat dieu. Cette fois, il ne parle plus des étudiants de la fin des années 1960 qui ont basculé dans la violence, mais de leurs parents, c’est-à-dire la génération qui a participé à la Seconde Guerre mondiale et en a finalement payé cruellement le prix. Il ne fait aucune concession, il montre dès le générique de début la brutalité des Japonais qui se sont lancés dans l’invasion de la Chine. Le Japon est au faîte de sa gloire, mais celle-ci ne peut qu’être éphémère. L’engagement pour l’empereur ne peut que s’achever par la souffrance, celle d’abord des victimes de l’agression nippone et celle de ceux qui sont restés dans l’archipel à attendre le retour des héros. Et lorsque le héros revient couvert de médailles, il ne reste pas grand chose de lui. C’est le cas du lieutenant Kurokawa (Ônishi...
