L'heure au Japon

Parution dans le n°18 (mars 2012)

Privée de bain pendant son long séjour à l’étranger, l’auteur de Thermae Romae a trouvé un excellent remède à sa frustration. Lorsqu’un Japonais part en voyage à l’étranger, l’une des premières choses dont il s’assure, c’est la présence d’une baignoire dans l’hôtel où il descendra. Lorsqu’il s’agit d’un séjour de courte durée, le touriste nippon pourra sans doute s’accommoder de l’impossibilité pour lui de prendre un bain même s’il pensera fort dans sa tête que les établissements sans baignoire sont à proscrire. Mais quand un Japonais ou une Japonaise quitte son pays pour s’installer à l’étranger pour une longue période, l’absence de bain peut devenir source de déprime voire de rage. Yamazaki Mari, auteur de Thermae Romae, appartient justement à cette dernière catégorie. Envoyée très jeune en Europe pour découvrir d’autres horizons par une mère qui voulait lui donner le goût pour d’autres cultures, le choc culturel a été violent. “C’était un peu trop fort même”, confie-t-elle. “Quand je suis arrivée en Italie, je ne comprenais rien à rien. J’ai eu envie de pleurer. Celui qui est venu vers moi à ce moment-là, sur le quai de la gare, c’est Marco, le grand-père de mon futur mari. Il avait dû être intrigué par mon comportement, parce que j’avais tout l’air d’une petite fugueuse”. Pendant ce premier passage en Italie, elle découvre que les Italiens ne connaissent pas le bain ou du moins plus le bain. La douche est devenue le principal moyen pour se laver. Mais comme il s’agissait d’un séjour de courte durée, elle a pris son mal en patience et accepté bon an mal an la situation. Ce n’est que quelques temps plus tard, lorsqu’elle est une nouvelle fois expatriée en Italie pour entreprendre des études d’art, que la jeune femme comprend sa douleur liée à l’absence de bain. “J’ai longtemps mené une vie sans bain. J’avais tellement envie d’en prendre un que j’aurais même creusé un trou n’importe où et mis de l’eau chaude dedans”, se souvient-elle avec un petit sourire espiègle. “Je pense que c’est la situation pitoyable...

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