
A quelques kilomètres au sud-ouest de Kumamoto, l’archipel d’Amakusa est un endroit étonnant et plein de charme. Majestueux sans pour autant être gigantesque, le pont de Matsushima est le dernier ouvrage d’art que vous empruntez avant d’arriver dans l’archipel d’Amakusa, territoire paradisiaque composé de plusieurs îles dont les deux principales sont Amakusa Kamishima et Amakusa Shimoshima. La première grande étape de ce périple au sud de Kyûshû est donc le pont de Matsushima et son observatoire qui permet de prendre la mesure de la beauté de cette région méconnue des touristes occidentaux qui préfèrent encore les grands classiques que sont Kyôto ou Tôkyô. Aussi à un moment où l’on hésite à se rendre dans l’archipel par crainte des séismes et des radiations, Amakusa est un endroit qui vous fera oublier les centrales nucléaires et les tremblements de terre. En provenance de la péninsule de Sankaku, le voyageur n’a pas d’autres moyens de profiter d’Amakusa que la voiture, le bus ou la bicyclette pour les plus courageux. Depuis la gare de Misumi, on peut emprunter des bus (le pass de 4 jours coûte 4000 yens) grâce auxquels on peut accéder à l’ensemble des principaux lieux intéressants des deux îles. Une façon tout à fait agréable de profiter des paysages et de l’atmosphère particulière qui règne dans cette partie du Japon que les Japonais eux-mêmes ne fréquentaient pas beaucoup. La mise en service du Shinkansen à Kyûshû début mars a, semble-t-il, ravivé l’intérêt des touristes nippons qui viennent découvrir un endroit riche en tradition et chargé d’histoire. Avant de se lancer sur la route des cinq ponts qui relient la péninsule aux deux îles d’Amakusa et de faire halte au pont de Matsushima, une petite visite de Misumi Nishikô s’impose. Ce port construit à la fin du XIXème siècle est le seul de cette époque encore en l’état dans l’archipel. Plusieurs bâtisses au style bien marqué et avec des couleurs chatoyantes sont ouvertes au public, certaines ayant été transformées en café. Le temps d’avaler un petit en-cas, en profitant de la vue sur la baie de Misumi, et vous serez prêt à prendre la route pour aller à la découverte d’autres surprises pour le moins étonnantes. Sur le chemin qui mène au pont de Matsushima, vous serez sans doute interpellé par un bâtiment dont la forme rappelle à la fois celle d’un gros gâteau à la crème et celle d’une église. Il s’agit du Mémorial Amakusa Shirô situé à Kami-amakusa. Au-delà de son architecture originale, cet endroit est intéressant, car il rappelle aux visiteurs que la région a longtemps été un bastion chrétien et qu’elle le reste encore aujourd’hui. Introduit par les missionnaires portugais arrivés au Japon au milieu du XVIème siècle, le christianisme s’est très bien implanté dans cette région particulièrement pauvre. En 1589, Amakusa comptait 30 églises et plus des deux tiers de sa population avaient été convertis. L’interdiction de la religion chrétienne par les Tokugawa quelques années plus tard et la fermeture du pays à l’influence étrangère s’est traduit pour les habitants d’Amakusa par l’obligation de renier leur religion et par une traque de tous ceux qui s’y refusaient. Bon nombre d’entre eux ont continué à prier secrètement devant de petites statues de la Vierge. C’est cette histoire que le Mémorial Amakusa Shirô retrace ainsi que celle d’Amakusa Shirô, adolescent de 16 ans, qui, à la fin de 1637 a mené la rébellion de Shimabara contre la politique anti-chrétienne des Tokugawa. Le christianisme a donc profondément marqué cette région qui reste aujourd’hui plus chrétienne que la moyenne nationale. Il faut dire que la ferveur des “chrétiens cachés” (kakureta kurishitian) comme on les appelait a contribué à enraciner cette ...
