
Mais le Shinshô-ji permet surtout de pratiquer un zazen authentique, ou méditation assise, qui fournit le goût ultime du zen. Depuis le Shôdô (salle de pin), le centre administratif et d'informations du temple, un guide vous mène à travers le magnifique jardin de l’esprit contemplatif, où des carpes koi se prélassent dans le lac dont la forme rappelle le caractère chinois de l'esprit et qui est bordé d’un côté par des érables et de l’autre par des cerisiers. En empruntant le gracieux pont en bois qui surplombe le lac, on arrive au Centre international d’entraînement zen où un moine, le crâne rasé et vêtu d’une tunique bleue Hiroshige, attend les élèves. Après avoir ôté ses chaussures et ses chaussettes pour enfiler des sandales en bois, on est invité à s’incliner et à entrer dans la salle, les mains jointes en signe de gratitude. À l'intérieur du hall en bois sombre, on remarque plusieurs plates-formes basses couvertes de tatamis. Sur chacun d’entre eux des futons épais ont été pliés en trois, de telle manière que la partie arrière est plus haute que celle de devant. Le prêtre montre ensuite comment s'installer. Tout semble un peu effrayant, mais en fait l'arrangement du matelas le rend non seulement beaucoup plus confortable qu'on peut l'imaginer, mais il est aussi étonnamment facile de s'asseoir en ayant le dos complètement droit. "Gardez les yeux à moitié ouverts pour ne pas vous endormir", lance le moine. "Fixez votre regard à un point situé à environ 1,5 mètre devant vous. Si vous sentez approcher l'assoupissement, et que vous souhaitez que je vous éveille avec le keisaku, serrez vos mains et présentez-les au niveau de votre poitrine", ajoute-t-il. Son keisaku est un morceau de bois intimidant, plat comme une pagaie de canot. “Ne le considérez pas comme une punition”, tente-t-il de rassurer. “C'est simplement pour vous aider à rester concentré.” Il allume ensuite un bâton d'encens, frappe une petite cloche quatre fois pour marquer le début de la séance de méditation. Il ne reste plus qu'à se concentrer sur sa respiration, comme cela a été expliqué. Le silence envahit la salle, rompu de temps en temps seulement par le chant des oiseaux qui virevoltent autour des arbres à l'extérieur. Dans ce calme, on finit par prendre conscience d'un monde de sensations : la brise de montagne, qui souffle à travers les fenêtres ouvertes et qui caresse la peau, le parfum du bois nu et de l'encens, le ronronnement doux d'un avion au loin. ...
