
En février 1972, An An publie ce numéro spécial sur les voyages au Japon. © Magazine House A l’instar de Kaneko, Hara est aujourd’hui une styliste photo célèbre, mais elle a d’abord été engagée comme traductrice française. Puis, à partir de 1972, elle a commencé à travailler comme styliste. C’était la première fois qu’une telle figure rejoignait l’équipe rédactionnelle d’un magazine féminin. Ceci est juste pour vous donner un exemple du genre de personnes talentueuses que le magazine a attirées. Leur studio était situé à Roppongi. C’était un foyer de créativité, et Horiuchi Seiichi supervisait tout. Et puis, bien sûr, il y avait le côté éditorial. De nombreuses personnalités littéraires célèbres telles que Mishima Yukio et Shibusawa Tatsuhiko (voir pp. 9-10) ont écrit pour An An. Ce n'est certainement pas le genre de personnes qui contribuent aux magazines féminins de nos jours”, note Satô Masako.La nouveauté et le contenu révolutionnaire d’An An peuvent être mieux appréciés lorsqu’on les compare à l’offre du moment. “Jusqu’au milieu des années 1960, de nombreux magazines de mode publiaient des modèles pour la couture. Ils reflétaient une époque où les boutiques étaient encore rares et où la plupart des femmes n’avaient pas les moyens d’acheter des vêtements de toute façon, alors elles confectionnaient leurs propres robes. La couture était également un point d’entrée relativement facile sur le marché du travail, de nombreuses jeunes femmes travaillaient donc comme couturières. On peut dire que les premiers magazines de mode étaient plus proches de l’artisanat que de la haute couture”, rappelle-t-elle. L’essor économique et les Jeux olympiques de 1964 avaient changé beaucoup de choses dans la société japonaise. Les gens ont commencé à estimer que la vie ne se résumait plus au travail et au sacrifice. Ils ont commencé à rechercher le plaisir et les loisirs comme jamais auparavant, et la mode a fait partie de la nouvelle vision de la vie des gens. “Le lancement d’An An doit être considéré comme le fruit de cette évolution radicale. Il a été le premier magazine de mode japonais à aller au-delà de la présentation de jolis vêtements. La philosophie qui le sous-tendait, comme l’illustre son premier numéro, est que la mode ne se limite pas à choisir et à porter de beaux vêtements ; elle englobe la musique, la danse, ...
