L'heure au Japon

Parution dans le n°25 (novembre 2012)

Tout fan de manga ou d’animation qui se respecte passe au moins une fois par la case Mandarake. Petit tour du propriétaire. Bienvenue à Mandarake : la plus importante chaîne de magasins dédiée aux mangas et à l'animation japonaise au monde. Véritable temple de la culture otaku, Mandarake est un lieu sans égal. Le réseau se compose aujourd'hui de onze magasins dans tout l'archipel : Nakano, Shibuya, Ikebukuro et Akihabara pour Tôkyô, Nagoya, Umeda, Ôsaka, Kokura et Fukuoka pour le Kansai et Kyûshû, Utsunomiya pour le Tôhoku et Sapporo à Hokkaidô. Il emploie près de 600 personnes. Des visiteurs du monde entier viennent y découvrir les derniers volumes des mangas grand public qui font un carton dans le monde, mais aussi y faire les découvertes des succès de demain, y dénicher des pièces rares pour compléter leur collection. Une success story qui a vu le jour il y a plus de vingt ans dans une petite boutique à Nakano, à Tôkyô. Nous sommes à Tôkyô, en 1987. Un mangaka, Furukawa Masuzô, réfléchissait à un moyen de gagner sa vie alors qu'il démarrait sa carrière de dessinateur. Il ouvre alors une modeste boutique de livres d'occasion dans le quartier de Nakano en parallèle de son activité dans le dessin. La demande est là, la boutique se développe, jusqu'à devenir le plus grand centre commercial du monde lié à l’animation et au manga. Aujourd'hui, dans le Nakano Broadway Mall, Mandarake dispose d’une vingtaine de boutiques réparties par type de produits vendus. Cela reste le principal magasin de l'enseigne. Le personnel parle français, anglais, espagnol et coréen. Avec le temps, la boutique spécialisée a fait des petits. “Aujourd'hui, de Hokkaidô à Kyûshû, nos boutiques sont présentes dans tout le pays”, souligne M. Kono en charge des ventes à l'international chez Mandarake. Nous arrivons à Akihabara au nord-est de Tôkyô, dans le quartier des otaku par excellence. A l'origine, le terme signifiait le “chez-soi”, l'intérieur de la maison. Aujourd'hui, la définition a évolué pour désigner une personne passionnée soit par le manga, soit par l'animation, les jeux vidéos ou les jouets. Le mot otaku a alors changé de graphie pour passer du kanji au katakana et prendre un sens plus péjoratif. En effet, l'otaku est monomaniaque, exclusif. Il n'a qu'une passion qui peut parfois lui servir de rempart face une société qu'il a du mal à intégrer. Stigmatisés au Japon, les otaku ont été longtemps considérés comme des personnes qui se mettent volontairement en marge de la société. Après les gros succès populaires et commerciaux de figures de proue de l'animation japonaise comme, par exemple, celles des Studios Gainax, créateurs d'Evangelion, les otaku ont aujourd'hui trouvé leur place, celle de gros consommateurs de produits culturels. Ils représentent un marché qui se chiffre en milliards d’euros dans le monde. Akihabara est leur quartier général. Ici, on fait la part belle à l'objet de leur attention. Au cœur de toute cette agitation, le Mandarake Complex s'élève sur huit étages. A chaque niveau, sa spécialité : mangas, animés, figurines, cartes de jeux, DVD, CD, poupées, costumes pour cosplays, jeux vidéos... Les rayons sont silencieux. Chacun s'applique à dénicher la perle rare parmi les objets de collection qui peuvent parfois valoir plusieurs centaines de milliers de yens ou à feuilleter quelques pages du dernier manga sorti. On ne sait plus vraiment où donner de la tête tant les étagères sont fournies. Mais peu importe, on apprécie l'ambiance aussi studieuse que frénétique et on se met, comme les autres, à la recherche de l’objet qu'il nous faut. Cet après-midi-là, c'est à l'étage des poupées réalistes que l'affluence est à son comble. Ces dernières, toutes proportions humaines conservées, ressemblent à de petits êtres humains. Si elles peuvent donner la chair de poule à certains, elles sont un objet d'idolâtrie pour d'autres. Et pour dénicher l'accessoire idéal pour leur Blythe doll ou Supa dorufi, les Japonais sont prêts à attendre. Parfois même des heures ! Depuis qu'elles ont été rééditées par la compagnie Takara, en 2001, les...

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