L'heure au Japon

Parution dans le n°06 (décembre 2010)

Jugeant le train trop cher, de nombreux Japonais choisissent l’autocar. Une autre façon d’appréhender le pays. Tous les soirs à partir de 20 heures environ, devant les deux principales gares de la capitale japonaise, Shinjuku et Tokyo, mais aussi dans plusieurs autres villes de l’archipel, on peut assister à une certaine agitation. Des dizaines d’hommes et de femmes tirant leur valise répondent à l’appel des employés des sociétés d’autocars qui annoncent les nombreux départs  prévus. On a beau se trouver devant des gares ferroviaires, ce qui mobilise l’attention de toutes ces personnes ce sont les autocars qui les emmèneront à Osaka, Nagoya, Hiroshima ou encore Sendai. Elles mettront bien sûr plus de temps pour rejoindre leur destination que si elles avaient emprunté le shinkansen, le train à grande vitesse, mais elles feront une économie substantielle. Un argument qui, en ces temps de crise, pèse grandement dans la décision de ces hommes et ces femmes. Sur le trajet Tokyo-Osaka, ils feront en moyenne près de 9 000 yens [79 euros] d’économie par rapport au train, ce qui est loin d’être négligeable. Sur certaines lignes très concurrentielles, les entreprises se livrent une guerre des tarifs qui profite très largement aux consommateurs, puisqu’on peut trouver des places à 500 yens [one coin seat, un siège pour une pièce de 500 yens] entre Tokyo et Nagoya et entre Tokyo et Osaka. De quoi intéresser les voyageurs prêts à sacrifier la rapidité au profit d’un service bon marché et de mieux en mieux adapté aux besoins des clients. En d’autres termes, n’imaginez pas les Japonais voyager sur de longues distances dans des véhicules au confort sommaire comme on peut en rencontrer en Europe quand on décide de rallier Paris à Amsterdam (à peu près la même distance qu’entre Tokyo et Osaka). Ici rien n’est laissé au hasard. On soigne le client, car on sait qu’une petite faute de goût peut avoir des conséquences fâcheuses. Désormais, les différentes sociétés qui se sont lancées dans l’exploitation de lignes autoroutières rivalisent d’imagination pour attirer le chaland. Il existe en fait deux types d’entreprises qui se partagent actuellement ce juteux marché. Il y a celles spécialisées dans le transport de passagers en car (rosen basu) et les sociétés de transport touristique (tsuâ basu). Jusqu’en 2000, ces dernières ne pouvaient pas exploiter de lignes régulières, ce qui expliquait la relative stabilité du marché dominé alors par JR Bus, la filiale automobile de la compagnie de chemin de fer. La réforme de la règlementation, en février 2001, leur a alors permis de se lancer dans l’aventure et proposer l’ouverture de nouvelles lignes. Voilà pourquoi il règne une telle activité autour des gares avec des ballets d’autocars et des files de voyageurs qui attendent de pouvoir embarquer. En l’espace de dix ans, le nombre de clients sur les différentes lignes d’autocars a décuplé grâce à une très forte concurrence. Alors qu’un aller simple entre Tokyo ...

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