L'heure au Japon

Parution dans le n°40 (mai 2014)

Dans l’enceinte du sanctuaire Yasukuni à Tôkyô, le musée Yûshûkan propose sa vision de la Seconde Guerre mondiale. De nombreux pays essaient de susciter la fierté nationale par le biais de leurs cimetières ou de leurs musées, mais lorsqu’il s’agit de glorifier un passé agressif, même au détriment de la vérité historique, peu d’endroits le font de façon aussi flagrante que le complexe Yûshûkan implanté au cœur du sanctuaire Yasukuni à Tôkyô. De prime abord, cet ensemble ressemble à un  parc public comme les autres avec ses cerisiers et ses étals vendant des sucreries figurant le portrait du Premier ministre actuel. Des employés de bureau, des étudiants et des couples se promènent dans les jardins paisibles, s’arrêtant de temps en temps devant le bâtiment principal du sanctuaire élégamment enveloppé d’un tissu frappé du symbole impérial, le chrysanthème, le temps de faire une prière. Le Yûshûkan, avec sa façade blanche, se tient à droite du bâtiment principal. Ce jour-là, un groupe de personnes très âgées s’est regroupé devant lui pour immortaliser le moment. Vu leur âge, ils doivent être d’anciens combattants. Fondé en 1882, le musée appartient au sanctuaire. Avant de pénétrer en son sein, on s’arrête pour admirer trois monuments. Le premier représente une mère et ses trois enfants, le second un pilote kamikaze et le dernier est dédié à Radhabinod Pal, un juriste indien présent au procès de Tôkyô en 1946, auquel les nationalistes rendent une grâce éternelle pour avoir déclaré que les accusés n’étaient pas coupables dans la mesure où un procès unilatéral était fondamentalement injuste. Il est un des rares étrangers que les nationalistes japonais, dont le Premier ministre Abe Shinzô, aiment citer pour avoir soi-disant reconnu l’innocence passée et la bonne foi du pays. Hélas, ils oublient de rappeler que le juriste indien a aussi qualifié la conduite du Japon pendant la guerre de “diabolique et infernale” et qu’il a affirmé qu’il existe “des preuves évidentes que des atrocités ont été commises y ...

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