L'heure au Japon

Parution dans le n°31 (juin 2013)

A moins d’une heure de la capitale, la ville nichée au cœur de la préfecture de Saitama vous entraîne deux cents ans en arrière. Les transports en commun sont au Japon, on le sait, à un niveau de qualité quasi irréprochable. C’est si vrai qu’il vaut mieux choisir le train pour se rendre à Kawagoe, au centre de la préfecture de Saitama. La ville compte pas moins de trois gares pour accueillir les milliers de visiteurs qui viennent se plonger dans l’atmosphère de ce que devait être Edo (ancien nom de Tôkyô) avant que la capitale ne devienne la ville moderne que l’on connaît. Surnommée Koedo (petite Edo), Kawagoe possède en effet un patrimoine architectural qui rappelle les constructions en vogue dans la grande cité voisine. Située à une quarantaine de kilomètres du cœur de la capitale,  Kawagoe entretenait de très nombreux échanges avec Edo, ceux-ci s’effectuant essentiellement par voie fluviale. La ville était considérée comme une place stratégique essentielle par le shogunat qui s’assura d’y placer de puissants vassaux. Le château de Kawagoe, aujourd’hui disparu, était le plus près de celui d’Edo, il était donc crucial pour le pouvoir central d’avoir des hommes de confiance qui s’arrangèrent pour faire de leur ville un centre commercial de premier plan. Le creusement de la rivière Shingashi, la création de canaux permirent aux marchands de multiplier le commerce avec Edo, bénéficiant aussi de l’amélioration des rendements agricoles. L’enrichissement général de Kawagoe favorisa le développement des activités culturelles importées d’Edo. L’opulence était manifeste dans le quartier d’Ichibangai qui était alors le centre de la ville. On peut encore aujourd’hui s’en rendre compte par la présence des magasins et de leurs entrepôts aux murs en torchis (karazukuri) dont la principale qualité était sa résistance au feu. Cela n’a pas empêché la ville de connaître un très violent incendie en 1893 au cours duquel de très nombreuses constructions ont disparu. Mais à la différence de Tôkyô qui a connu le grand séisme de 1923 et les bombardements incendiaires américains en 1945, elle a réussi à en sauver un bon nombre. La découverte de ces bâtiments et de la rue Ichibangai est en général la première chose que les touristes font en arrivant à Kawagoe. La partie la plus intéressante se situe entre Nakamachi et Fuda no Tsuji. De part et d’autre de la rue, on découvre des bâtisses imposantes qui se caractérisent par leur toiture en tuiles, des murs de crépi noir et des fenêtres dont les volets ressemblent plus à des portes de coffre-fort qu’à des battants ordinaires. La première que l’on rencontre en partant de Nakamachi s’appelle Kameya. Elle a été bâtie en 1894, un an après le grand incendie qui ravagea la ville. Kameya (tous les jours de 9h à 18h) est une boutique spécialisée dans les pâtisseries qui attirent les gourmands. Sa spécialité, Kamedora (158 yens), un petit fourré en forme de tortue, est un vrai délice. En grignoter un, tout en remontant la rue à la découverte d’autres bâtiments semble être une habitude chez les promeneurs qui semblent s’être donnés le mot. Un peu plus haut sur la gauche, Tôhoyamawa, un magasin de poteries (tous les jours de 10h à 18h), bénéficie d’une grosse cote auprès des amateurs de photographie. Situé à un angle d’une petite rue, sa belle façade est prise sous toutes les coutures. Avant d’atteindre cette belle bâtisse dont les vitrines remplies de magnifiques objets attirent aussi le regard, vous aurez remarqué sur la droite un immeuble de trois étages de style occidental. Il s’agit de la banque de Saitama Risona construite en béton armé au début du XXème siècle. Imposante, elle illustre la puissance commerciale de la ville. Sur le même trottoir que Tôhoyamawa, une petite visite au musée Karazukuri (de 9h à 17h, fermé le lundi, 100 yens) permet de se familiariser...

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