
Kumamoto hébergeait une communauté écologique née en 1956 après la terrible maladie de Minamata (voir pp. 6-8) provoquée par la contamination au mercure. Les habitants y avaient alors affirmé leur volonté de vivre en accord avec la nature. Après Fukushima, cet idéal de vie s’est réaffirmé. Et on assiste à Kumamoto à l’émergence d'un système parallèle basé sur l’autosuffisance et sur les principes de la permaculture, concept écologique australien déjà développé après la guerre par le célèbre agriculteur Fukuoka Masanobu et quelques pionniers comme Abe Masahiro et Isoko qui ont migré à Mizukami il y a 20 ans. “Nous avons vécu neuf ans sans électricité ni eau courante ni gaz ! Mais aujourd’hui, nous sommes éclairés par la centrale nucléaire de Kyûshû. Il faut nous pardonner”, plaisante Abe Isoko. Vive et pleine d’entrain, cette sexagénaire coiffée d’un chapeau de paysanne a accueilli et conseillé un bon nombre de nouveaux arrivants dans la région dont les Katô et les Kawagahara. “Nous ne formons pas vraiment une communauté, mais nous essayons de nous entraider et d’avoir des activités communes comme la culture sur brûlis qui sert à régénérer la forêt pour les générations futures”, dit-elle en montrant une dizaine d’hommes et de femmes qui récoltent le hie, une sorte de millet japonais, au pied de la montagne Yuyama. Habillés en tenue de paysans traditionnels avec tabi...
