L'heure au Japon

Parution dans le n°02 (juillet 2010)

C’est l’été. Dans l’Archipel, c’est la saison où l’on ne compte plus les matsuri. Du nord au sud, le pays danse, chante et défile. Solitude — après le feu d’artifice une étoile filante Masaoka Shiki, l’un des grands poètes de l’instant, nous indique dans ce haïku (poème court) que nous sommes en été et qu’en cette période les Japonais se divertissent, en assistant notamment à des feux d’artifice (hanabi) qui embrasent les cieux de l’Archipel. Dans la seule région de Tokyo, on dénombre plus de 150 rendez-vous pyrotechniques qui nous rappellent que les Japonais figurent parmi les grands maîtres de la spécialité. A Tokyo, anciennement Edo, les feux d’artifice appartiennent à cette culture du plaisir et de la fête qui caractérise la cité au faîte de sa prospérité et de sa population d’un million d’âmes au milieu du XVIIIe siècle. La rivière Sumida et ses grands ponts qui la traversent se sont imposés avec le temps comme les principaux lieux de détente à l’instar de Ryôgokubashi (pont de Ryôgoku) qui devint le plus célèbre sakariba (quartier fréquenté) d’Edo et qui, depuis 1733, accueille chaque année l’un des plus importants feux d’artifice du pays avec environ 20 000 projectiles tirés en un peu moins de 90 minutes. C’est le 6 août 1613 que le premier feu d’artifice aurait été tiré au Japon devant Togukawa Ieyasu, le grand shôgun fondateur du Japon moderne, lors de sa rencontre avérée avec un commerçant anglais John Salis venu lui remettre une lettre du roi d’Angleterre, James Ier. Après cette date, les grands seigneurs vont se sentir obligés de rivaliser entre eux pour organiser des feux d’artifice dans leurs régions respectives, attirant une foule de curieux chaque fois plus importante d’autant que le troisième shôgun Togukawa Iemitsu, grand amateur de feux d’artifice, encouragea leur développement. Symboles de pouvoir et de richesse, les feux d’artifice devinrent aussi un instrument religieux lorsque le shôgun Togukawa Yoshimune en fit tirer un en 1733 pour faire fuir les mauvais esprits responsables, selon lui, de la famine et de l’épidémie de choléra dont le Japon avait été victime l’année précédente. Bien avant que les feux d’artifice ne prennent une dimension religieuse, il existait dans...

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