
Bien décidé à réveiller les Japonais, le groupe originaire de Kyôto descend dans la rue à la rencontre du public. On va d’abord cracher notre venin, ensuite on va parler d’amour !” Dans le bar du Bonobo, la foule siffle et crie. Les Frying Dutchman entament les premiers accords très doux de Human Error [Erreur humaine]. “Espèces de batards ! Vous osez comparer le plutonium à la radiation naturelle ! Respirez un peu cette substance et toutes vos cellules et votre ADN seront foutus pour des générations !”. Cette chanson écrite après les événements du 11 mars 2011 par le leader du groupe, Lee Tabasco, se déroule comme une histoire. Il s’agit de l'histoire de l’humanité, la décadence d’un système, celle du Japon, Hiroshima-Nagasaki puis Fukushima, le pire accident nucléaire de l'histoire. D'une durée de 17 minutes, Human Error a bénéficié d’audiences records sur la Toile avant de sortir en disque chez un label indépendant. Véritable grenade lancée contre le pouvoir, la chanson a projeté le groupe rock sur les devants de la scène antinucléaire. “Une fois l'emplacement choisi pour installer la centrale, les compagnies d'électricité arrosent d’argent la population locale. Ils emmènent les gars dans des bars à hôtesses et les personnes âgées dans les sources thermales… pots-de- vins ! pots-de-vin !” dit aussi la chanson. Dans le public, on entend des gloussements. Human Error est une chanson qui parle de ce que tout le monde sait, mais que personne n’a jamais osé dire, ou voulu entendre. “Le drame des Japonais, c'est qu’ils se taisent”, affirme Lee. Dans le petit salon en tatami, ses trois accolytes hochent la tête. Cota le guitariste, Taiga too late, Akihiro “cyberyakuza”, l’ingénieur du son, sont tous comme lui originaires de Kyôto. Ils ont environ une trentaine d'années et des parcours très différents. “Voici “Charisma Smile” notre contrebassiste. Il a laissé un groupe très connu pour nous rejoindre. Maintenant il cultive des tomates à Kyôto !” poursuit Lee. Fondé au début des années 2000, Frying...
