
Pour cette agricultrice mère de cinq enfants qui a tout perdu, il n’est pas question de se laisser endormir par la propagande étatique. En tête du cortège des manifestants antinucléaires du 11 mars 2012, il n'y a que des femmes. Armées de pancartes et de banderoles, elles entourent Satô Sachiko, une mère de famille qui s'est faite le porte-voix de leur révolte. “Je suis une paysanne et mère de cinq enfants ! Nous allons montrer que le Japon peut se passer de l'énergie nucléaire !” crie t-elle avec la même vigueur que lors de son passage à New-York en septembre 2011. Elle avait alors interpelé le Premier ministre japonais à sa sortie de l’Assemblée générale des Nations Unies où il était intervenu sur la sécurité nucléaire. Elle lui avait lancé : “Noda! Vous ne protégez pas les enfants de Fukushima, alors n'allez quand même pas colporter des mensonges sur la sûreté nucléaire dans le monde !" Le destin de cette agricultrice a basculé le 11 mars 2011, avec des milliers d'autres habitants de Fukushima. “J’avais une ferme à Kawamata, à 80 kilomètres de la centrale. Le 12 mars, j'ai évacué mes enfants et abandonné le travail de toute une vie. Mais beaucoup de familles n'ont même pas eu cette chance et sont toujours coincées à Fukushima”, rappelle-t-elle. Au lendemain de la tragédie, alors que la campagne rassurante sur la sécurité nucléaire menée par les conseillers de la préfecture battait son plein, Satô Sachiko et d'autres parents ont relevé les niveaux de radioactivité dans les écoles. Le résultat était tellement alarmant que cette femme a décidé de se rendre dans la capitale pour demander au ministère de l'Education de revoir le seuil de tolérance qui est passé de 1 à 20 mSv/an même pour les enfants. Devant des fonctionnaires ébahis, elle a mis sous leur nez une motte de terre contaminée issue de la cour d'une école de Fukushima en leur criant : “Si c'est sans danger, vous n'avez qu'à la ramener chez vous !” Cet acte de remise en cause de la parole gouvernementale diffusé sur Internet a contribué à briser le tabou de la radioactivité. Quelques semaines plus tard, un bus avec 70 mères à son bord est arrivé devant le ministère. Elles étaient toutes membres de l'association Protégeons les enfants de Fukushima contre la...
