L'heure au Japon

Parution dans le n°90 (mai 2019)

Kai Ken est à la tête d’un refuge pour travailleurs étrangers dans la préfecture de Gifu. “Je protège quatorze stagiaires qui rencontrent le même type de situation, mais il est très difficile de les défendre. Si on demande une enquête aux autorités, elles ne sont jamais menées en profondeur”, regrette-t-il. “On ne va pas chercher l’origine du problème et les entreprises dissimulent les preuves de leurs agissements et s'en sortent ainsi.” Les conditions d’accueil de ces ouvriers ne semblent pas s’améliorer au fur et à mesure des années, malgré la bonne volonté des autorités gouvernementales. “Le type de réponses que ces stagiaires rencontrent lorsqu’ils s’élèvent contre leurs employeurs et tentent de se faire entendre auprès des pouvoirs publics sont de l’ordre de ‘Rentre chez toi si tu n’es pas content !’ ou ‘Quand tu auras fini ton contrat de travail, rentres et quelqu’un d’autre pourra être recruté à ta place’.” Ressortissant chinois de 26 ans, Kou Seigo et sa main broyée a fait la Une des médias japonais, l’hiver dernier. Arrivé au Japon en 2015, en tant que stagiaire non-qualifié, le jeune homme qui ne parle pas le japonais, explique sa situation. “J’ai travaillé dans une usine et tous les matins, je devais actionner certaines machines tout seul et je me suis blessé.” Il sort de sa poche, une main très abîmée. Alors qu’il était hospitalisé, pour une période de deux mois, son employeur est venu le voir pendant sa convalescence “pour que je signe une attestation selon laquelle l’accident n’avait pas eu lieu ...

Réservé aux abonnés

S'identifier S'abonner

1 2 3
Exit mobile version