L'heure au Japon

Parution dans le n°13 (septembre 2011)

L’ancien centre culturel et intellectuel du nord-est du Japon constitue une belle étape pour éviter les sentiers battus. La préfecture d’Iwate a été fortement touchée par le séisme et le tsunami du 11 mars dernier. De nombreuses séquelles sont encore visibles le long de sa côte Pacifique, mais à l’intérieur des terres, de nombreuses zones ont été épargnées par la nature déchaînée. C’est notamment le cas de Hiraizumi qui, le 28 juin, a été inscrit au Patrimoine de l’humanité par l’Unesco après plusieurs années d’attente. La nouvelle a suscité une immense vague d’enthousiasme à un moment où la population locale avait besoin d’un petit coup de pouce au moral. Il faut dire que Hiraizumi a souffert indirectement de la tragédie puisque de nombreux touristes ont choisi d’éviter cette partie du pays en raison des répliques et de la situation à la centrale de Fukushima pourtant très éloignée. A Hiraizumi, on a donc accueilli avec soulagement l’inscription du site dont la vocation originelle était d’incarner le “paradis sur terre” entièrement dédié aux principes du bouddhisme. Voulu par le clan Fujiwara qui avait quitté Kyôto, en particulier le premier d’entre eux Kiyohira qui avait fait fortune grâce à l’or, ce lieu a pris une importance considérable à partir du XIIème siècle avec la construction de très nombreux temples et jardins dont la plupart ont été détruits lors de raids menés par l’armée du shôgun Yorimoto. Cependant, ceux qui ont échappé à ce triste sort permettent d’imaginer aisément la richesse de la ville et méritent que le voyageur prenne le temps d’y faire une halte. Très facile d’accès notamment par le train, Hiraizumi est une destination qui mérite une visite d’au moins une journée sinon deux jours pour en percer tous les mystères et en découvrir les charmes. Désireux de créer un centre intellectuel et culturel aussi prestigieux que Kyôto, les Fujiwara ont redoublé d’efforts pour y parvenir. Les principaux vestiges de cette splendeur passée se situent au nord et au sud de la ville. Pour le voyageur qui ne veut pas s’attarder, il est recommandé de se rendre à Chûson-ji accessible avec le bus RunRun (4 mn) ou à pied (compter 20 mn). La promenade est agréable notamment en automne ou au printemps au moment où la nature expose ses plus belles couleurs. Chûson-ji, qui regroupe un ensemble de temples, est implanté au milieu de la forêt. On y pénètre par Tsukimizaka, un chemin bordé notamment de cyprès du Japon plantés il y a près de 400 ans. Selon la saison, on voit de très nombreux Japonais s’y attarder pour apprécier la beauté de ces arbres dont les feuilles prennent des couleurs extraordinaires en octobre et novembre ou celle de la neige qui envahit le lieu en hiver. Ce chemin constitue une mise en bouche des plus agréables, il rappelle combien la nature occupe une place centrale dans la culture nippone. A Chûson-ji, c’est d’autant plus marquant qu’il s’agissait d’illustrer le paradis sur terre. C’est en 850 que le moine Ennin a commencé à édifier les temples de Chûson-ji, mais c’est sous l’impulsion de Fujiwara Kiyohira que l’ensemble devint un important centre religieux puisqu’il y fit bâtir près de 40 temples. Parmi eux ne subsiste aujourd’hui que le magnifique Konjiki-dô (Chapelle d’or) achevé en 1124. Il est recouvert de feuilles d’or et serti de nacre venue d’Okinawa. Le sanctuaire intérieur comporte 33 statues, dont la principale et la plus importante est une représentation du Bouddha Amida Nyorai, assis. Quatre membres du clan Fujiwara reposent dessous. Cet extraordinaire édifice, consacré trésor national par les autorités, a inspiré le poète Bashô, le père du haikai ...

Réservé aux abonnés

S'identifier S'abonner

Exit mobile version