L'heure au Japon

Parution dans le n°45 (novembre 2014)

Située au cœur des Alpes japonaises, la cité abrite un des plus beaux joyaux de l’architecture militaire. "Matsumoto, Matsumoto, Matsumoto”. C’est une voix chantante féminine qui vous accueille lorsque vous descendez du train dans cette ville située au cœur des Alpes japonaises. La cité dispose de nombreux attraits. Outre les magnifiques paysages montagneux qui l’entourent et vous invitent à les découvrir, elle abrite l’un des plus beaux châteaux du pays qui a eu la chance de survivre à sa destruction programmée à la fin XIXe siècle, lorsque le pouvoir avait décidé de supprimer toutes traces du passé féodal. En 1872, le bâtiment fut vendu aux enchères pour être démoli. Grâce à la mobilisation d’Ichikawa Ryôzô et des habitants, le château fut sauvé et racheté par la ville. Il a également été épargné par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Sa situation géographique, au milieu des montagnes, et le fait que la ville n’abritait aucunes industries sensibles lui a permis de ne pas subir les bombardements des B-29 américains. S’il fallait donner une seule bonne raison de se rendre à Matsumoto, la visite du château est sans doute la meilleure. Le fait d’avoir échappé à la folie destructrice des hommes ne suffit pas à en faire un site exceptionnel. Ce qui le rend extraordinaire, c’est une combinaison d’éléments. Le “corbeau” (karasu-jô) doit ce surnom à sa couleur noire qui le distingue du “héron blanc”, le château de Himeji, qui a servi de décor à de nombreux films historiques. A la différence de la plupart des châteaux construits sur des collines (yamashiro), celui de Ma­tsumoto a été bâti en plaine (hirajiro), mais en lieu et place d’une plaine, c’est une rivière qui l’entoure et le protège des assaillants. Pour pénétrer dans le château et traverser le fossé rempli d’eau, il faut emprunter un pont rouge de style japonais qui s’ajoute à la grâce de l’ensemble. Considéré par certains comme le Taj Mahal du Japon en raison de son équilibre et de sa beauté architecturale, il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un des beaux exemples de la maîtrise japonaise en matière d’architecture. Le donjon (tenshu) est d’ailleurs classé trésor national. La visite ne doit pas se limiter à une simple promenade autour de l’édifice. Si de nombreux châteaux japonais ne méritent pas qu’on y pénètre, celui de Matsumoto doit impérativement être visité même si son ascension est physique, compte tenu de la raideur des escaliers. Mais les six étages qui le composent valent vraiment l’effort demandé. Avant d’entrer, vous retirerez vos chaussures pour enfiler des savates dont la largeur n’est guère adaptée à la taille des pieds européens. Faites donc bien attention en gravissant les escaliers qui sont extrêmement raides. Chaque étage réserve de très bonnes surprises. Tout d’abord, la vue sur la ville et ses alentours est très impressionnante, en particulier au dernier niveau. On découvre également une belle collection d’armes et d’objets liés à la vie quotidienne. Les explications en anglais permettent de mieux comprendre leur usage, ce qui n’est pas toujours le cas dans d’autres sites historiques du pays. On peut également compter sur des guides bénévoles qui proposent des explications éclairées sur l’histoire de ce château qui a commencé en 1504. Il ne reste rien de la forteresse construite à l’époque et qui a servi à l’expansion du clan Takeda. Les bâtiments encore présents de nos jours remontent à 1593-1597 et ont été construits sous l’autorité d’Ishikawa Kazumasa. Lors de sa construction, les architectes ont fait preuve d’imagination pour créer un étage invisible de...

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