L'heure au Japon

Parution dans le n°27 (février 2013)

Choqué comme bon nombre de ses contemporains, le romancier a décidé d’enquêter sur l’attentat de la secte Aum. Enfin ! Serions-nous presque tentés de dire lorsqu’on tient en main cet ouvrage si particulier dans l’œuvre de Murakami Haruki. Cela fait seize ans qu’Underground est paru au Japon et douze années que le public anglo-saxon ou anglophone a pu lire cette enquête hors norme sur un événement tout aussi extraordinaire: l’attentat au gaz sarin dans le métro de Tôkyô par les membres de la secte Aum, le 20 mars 1995. Dans l’histoire du Japon et dans l’œuvre de l’auteur de 1Q84, 1995 est une année très particulière. Elle a débuté par un violent séisme dans la région de Kôbe, le 17 janvier, suivi, deux mois plus tard, par cette attaque inédite au gaz mortel par des disciples du gourou Asahara Shôkô. 1995, c’est aussi le cinquantième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, un moment symbolique pour un pays qui, depuis trois ans, vit au rythme des mauvaises nouvelles économiques. L’éclatement de la bulle financière au début de la décennie et ses conséquences négatives sur le fonctionnement de l’économie nationale commencent sérieusement à inquiéter l’opinion publique. Aussi l’annonce de l’attentat commis par la secte Aum provoque logiquement un puissant traumatisme dans l’archipel. “En Europe, le terrorisme est plus fréquent, même s’il n’est pas banal, mais le Japon n’avait jusque-là presque rien connu de tel. J’ai étudié en France, à une époque où des bombes explosaient et, pendant tout mon séjour, je me souviens d’avoir pensé : “je suis vraiment heureux que le Japon soit un lieu aussi sûr”. Tout le monde le disait : “ On envie la sécurité qui prévaut au Japon.” Je rentre chez moi et ça se produit ! Non seulement un acte de terrorisme aveugle, mais à l’aide d’une arme chimique  comme le sarin. ...

Réservé aux abonnés

S'identifier S'abonner

Exit mobile version