L'heure au Japon

Parution dans le n°68 (mars 2017)

Le choix de tourner le dos à la cuisine politique a pu aux yeux de certains ne pas être considéré comme une forme de “courage”, mais plutôt relever d’un calcul commercial, il n’empêche que le Chûgoku Shimbun n’a jamais failli par la suite à la mission qu’il s’était fixé, à savoir de rester au service des lecteurs pour le meilleur et pour le pire. Ce qui s’est passé le 6 août 1945 a définitivement scellé cet engagement puisque le quotidien comme une grande partie de la population de Hiroshima a vécu l’horreur du premier bombardement atomique de l’histoire de l’humanité. Le siège du Chûgoku Shimbun se trouvait à 900 mètres de l’épicentre de la bombe A qui a fait 140 000 morts et laissé la ville entièrement rasée dans un rayon de trois kilomètres. Ce matin-là, 114 employés du journal, environ un tiers de son personnel, se trouvaient déjà sur place quand le flash mortel a tout détruit. En regardant les photographies prises dans les jours qui ont suivi le largage de la bombe, au milieu du paysage qui ressemble à une immense terre brûlée, on aperçoit quelques rares bâtiments encore debout. Le plus emblématique d’entre eux, le dôme de la bombe atomique inscrit en 1996 au Patrimoine mondial de l’humanité, est là après avoir résisté au souffle malgré sa proximité de l’épicentre, comme le reste du bâtiment du Chûgoku Shimbun. Frappé dans sa chair, avec la disparition brutale de plus d’une centaine de ses collaborateurs, la destruction de ses moyens de communication et de son matériel d’impression, le journal pouvait être considéré comme définitivement mort, à l’instar de la ville. “Hiroshima, contaminée par la radioactivité, va devenir une terre stérile sur laquelle rien ne poussera pendant 75 ans”, pouvait-on lire dans...

Réservé aux abonnés

S'identifier S'abonner

1 2 3 4 5
Exit mobile version