L'heure au Japon

Parution dans le n°78 (mars 2018)

J’ai entendu dire que pour vous faire élire, vous aviez fait du porte à porte. Etes-vous toujours aussi proche de la population ? S. N. : Oui, bien sûr ! J’ai d’ailleurs mis en place un système assez unique. Si 5 personnes se réunissent, j’y vais. Je fais ça 365 jours par an. J’appelle ça les réunions “Parlons avec le Maire.” Il existe donc ce système, mais il y a aussi des personnes qui n’osent pas trop faire appel à moi, j’essaie donc de me déplacer deux fois par an à droite et à gauche, pour les tenir au courant des dossiers. Lorsque l'on a commencé à parler du projet de compact city, des gens y étaient opposés. Et puis il y avait ceux qui le défendaient, créant une rivalité entre les deux camps. Au début, je faisais remarquer que, dans un futur proche, la ville était vouée à disparaître, si l’on ne se rassemblait pas. Certains y étaient quand même opposés. Dans le cadre de rassemblements de plus de 5 personnes, j’ai donc été appelé à plusieurs reprises. Je me faisais hurler dessus tout le temps. Mais j’y ai appris quelque chose : les humains ne peuvent pas s’énerver plus de trois heures d'affilée. Il arrive un moment où ils se fatiguent… Moi, je les écoute. Puis, si on leur dit : “Voilà, en ce moment il se passe ça et ça…”, ils vous répondent : “Mmmh…” Ils ne vont pas forcément être d'accord, mais ils vont se dire : “Tiens, il se passe ça et ça.” Ce que je veux dire, c’est que lorsqu’on ne sait pas, il est facile de s’opposer. En revanche, si l’on sait que dans une situation, on a plusieurs choix, A ou B, pour telle ou telle raison, il est plus difficile d’être opposé, parce que l’on en comprend les enjeux. Alors que si on ne sait rien, on se dit le choix A “C’est la galère”, le choix B “Ah non, ce n’est pas bien pour moi”… On s’oppose très vite. C’est pour cela que je crois à ces séances d’explication. Vous dormez la nuit ? S. N. : Bien sûr ! Environ 5 heures par nuit. Par contre, ce que me dit ma femme, c’est que je fais des discours dans mon sommeil. Et comme ça la réveille, elle me demande d’aller au lit avant elle… (rires) Plus sérieusement, ces réunions sont-elles une nouvelle façon de faire de la politique ? S. N. : Je ne sais pas. Si l’on décidait de faire la même chose à Tôkyô, ça ne serait pas possible. Il y a trop de gens… Il y a une certaine façon de s’y prendre dans les petites villes. S’il y a beaucoup d'habitants,...

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