L'heure au Japon

Parution dans le n°88 (mars 2019)

Pouvez-vous nous raconter votre parcours ? Masaki Takashi : Je suis né en 1945 à Kumamoto. A 18 ans, alors que j’étudiais à l’université à Tôkyô, j’ai découvert La Nausée, le roman philosophique de Sartre et j’ai eu un vrai déclic. C’est exactement la sensation de dégoût que je ressentais, un écœurement profond à l’égard de la société japonaise. J’ai décidé de quitter tout ce qui me rattachait à ce pays, la langue, la manière de penser et de partir très loin. J’avais besoin de tout jeter pour repartir à zéro. Nous étions en 1964, l’année des Jeux olympiques de Tôkyô. J’ai débarqué à Helsinki, en passant par l’URSS. Ensuite, j’ai fait du stop et je me suis retrouvé en Afrique du Nord. De là, j’ai continué ma route jusqu’au Moyen-Orient et je suis arrivé finalement au Népal puis en Inde. On était à la veille de Noël 1996 où il y avait un immense rassemblement de beatniks à Katmandou. Là, j’ai fait plusieurs rencontres qui m’ont fait connaître la philosophie indienne. J’ai aimé l’Inde dès le moment où j’y suis arrivé. Vous n’aviez pas d’argent, comment avez-vous accompli ce long voyage ? M. T. : En effet, je ne travaillais pas et je n’avais pas un rond, c’est un miracle d’avoir survécu ! Je suis rentré une fois au Japon car j’avais un billet retour. Mais ensuite, je suis reparti à Calcutta avec seulement 10 dollars en poche, que j’ai dépensés la nuit même pour payer un hôtel. Quand on n’a pas d’argent, on n’attire pas les voleurs! En fait, tous les gens qui m’approchaient étaient bien intentionnés et voulaient m'aider. Les Indiens ont un grand respect pour ceux qui viennent chez eux en quête spirituelle. Cela fait partie de leur culture. Cinquante ans ont passé et je suis toujours aussi passionné par la pensée indienne. Quel est le fondement de cette pensée indienne qui vous a...

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