
La pagode à trois étages transférée depuis le temple Tômyôji, à Kyôto, est la seule structure visible depuis n’importe quel endroit du parc. / Eric Rechsteiner pour Zoom Japon Ce magnifique parc est non seulement un îlot de verdure, mais aussi un sanctuaire architectural. A ne pas rater. Honmoku, quartier situé au sud du centre de Yokohama, est rarement visité par les touristes étrangers malgré son histoire riche et intéressante. Prenez, par exemple, le nom de la ville de Yokohama. Il signifie littéralement “plage en croix” et fait référence à une formation terrestre près de Honmoku qui s’avance dans la mer depuis les collines. Le village original de Yokohama était situé sur ce long et étroit banc de sable. Lorsqu’en 1859, l’endroit est devenu un port conventionné sous le contrôle direct du shogunat, les villageois ont été expulsés et remplacés par des fonctionnaires du gouvernement et des marchands japonais et étrangers qui allaient former le noyau de la nouvelle ville.Le coin a rapidement été envahi par les chabuya, lieux de plaisir pour adultes où les hommes pouvaient boire, danser avec des femmes et passer la nuit. Ils s’adressaient principalement aux marins étrangers et furent parmi les premiers à adopter la culture occidentale comme le jazz. Lorsqu’un navire étranger entrait à Osanbashi, la jetée principale de Yokohama, des pousse-pousse l’attendaient et emmenaient les marins dans les chabuya.Aujourd’hui, le lieu le plus célèbre de Honmoku est Sankei-en (58-1 Honmokusannotani, Naka-ku, Yokohama, 231-0824. Ouvert de 9h à 17h. 700 yens), et si vous vous trouvez à Yokohama, ou même à Tôkyô, vous devriez réserver quelques heures pour visiter cet endroit car c’est l’un des jardins les plus remarquables du Japon. D’une superficie de 175 000 mètres carrés, avec de jolis étangs, des ruisseaux, des chemins ondulants et des bâtiments historiques, Sankei-en a peu de rivaux, même parmi les jardins plus célèbres. En 2006, il a d’ailleurs été désigné comme site panoramique national.Qualifier Sankei-en de trésor caché est un peu exagéré. Néanmoins, force est de constater qu’il figure rarement dans les listes des dix plus beaux jardins du Japon. Il est vrai qu’il n’a pas bénéficié d’un emplacement idéal, Honmoku étant une zone relativement isolée. Depuis que le tramway de la ville de Yokohama a été supprimé en 1970, le jardin n’est accessible qu’en bus ou en 20 à 30 minutes de marche depuis les gares de Yamate ou de Negishi sur la ligne JR Negishi. Le Rinshunkaku est l’un des éléments les plus remarquables de Senkei-en. / Eric Rechsteiner pour Zoom Japon Non seulement l’ancien banc de sable a disparu depuis longtemps, mais toute la région a beaucoup changé au cours des 50 dernières années, et pas pour le mieux. Alors qu’il s’agissait autrefois d’un village de pêcheurs connu pour être un site touristique populaire, un plan de décharge a été approuvé dans les années 1960. Les autorités ont immédiatement commencé à récupérer les terres et à construire des quais. Une formation artificielle beaucoup plus grande, s’avançant dans la baie de Tokyo, a été construite. Aujourd’hui, toute la côte est occupée par des entrepôts, des terminaux à conteneurs, des usines appartenant à Mitsubishi Heavy Industries, et parsemée d’énormes réservoirs blancs de la compagnie pétrolière Eneos. Mais que cela ne vous dissuade pas de visiter Sankei-en, car le jeu en vaut vraiment la chandelle.Le jardin est le fruit de l’amour de Hara Sankei,un homme d’affaires qui fit fortune grâce au commerce de la soie brute. Né Aoki Tomitarô en 1868, il a étudié dès son plus jeune âge la peinture, les études chinoises et la poésie, et est entré en 1885 à l’école professionnelle de Tôkyô (aujourd’hui l’université de Waseda) où il a étudié la politique et le droit. Après avoir travaillé comme professeur assistant dans la capitale, il épousa une de ses étudiantes qui était la petite-fille de Hara Zenzaburô, un homme d’affaires et un politicien qui contrôlait le commerce de la soie brute à Yokohama. Adopté par la famille Hara, Tomitarô reprit l’entreprise familiale, la réorganisa et se concentra sur le marché international de la soie brute. Il devint ensuite président de la société Imperial Silk et de la banque de Yokohama et, en 1923, après le grand tremblement de terre du Kantô qui dévasta Yokohama comme Tôkyô, il fut président de la société de reconstruction de la ville de Yokohama, allant même jusqu’à investir son propre argent dans cette vaste entreprise.Tout en étant occupé à gérer ses nombreuses entreprises, Hara n’oublia jamais ses études classiques et trouva le temps de devenir calligraphe et maître de thé. Vers l’âge de 25 ans, il commença à collectionner des œuvres d’art - des antiquités japonaises et chinoises (peintures bouddhistes, calligraphies et ustensiles à thé) ainsi que des œuvres de peintres contemporains. Après sa mort en 1939, sa collection qui dépassait les 5 000 œuvres fut répartie entre des musées et des collectionneurs privés. Il s’agissait d’une collection impressionnante d’œuvres d’art classées comme trésors nationaux, dont un portrait de la déesse bouddhiste Mahamayuri, un chef-d’œuvre de la période Heian qui se trouve aujourd’hui dans la collection...
