
En 2016, Ônuma Yûji pose devant l’arche où figurait son slogan, démantelé pour des “raisons de sécurité”./ Morizumi Takashi pour Zoom Japon Auteur du célèbre slogan qui accueillait les visiteurs à Futaba, Ônuma-san se bat pour qu’il serve d’avertissement. La ville possédait une grande arche de bienvenue avec un slogan affirmant que “le nucléaire est l’énergie pour un avenir radieux”. Mais après la catastrophe, l’arche est devenue un symbole de destruction. Les autorités ont alors décidé de démanteler le panneau en invoquant des raisons de sécurité. Mais Ônuma Yûji, l’auteur de ce fameux slogan, a choisi de se mobiliser pour continuer à raconter l’histoire de son passé. Nous l’avions accompagné, en novembre 2017, alors qu’il rentrait chez lui pour la 89e fois. Futaba était alors une zone complètement interdite.Le long de la nationale 6 qui mène à la centrale de Fukushima Daiichi, une étrange église rose dresse sa croix dans le ciel gris. Ancien lieu de célébration kitsch pour jeunes mariés, la fausse église est devenue une station de contrôle de la zone interdite. Deux policiers en tenue de radioprotection blanche inspectent les autorisations de M. Ônuma, puis le guident vers un vestiaire installé sur le parking. Nous y enfilons combinaison, masque, gants et bonnet de douche puis recouvrons nos chaussures avec des sacs plastiques pour ne pas répandre de poussières radioactives à notre retour. Une employée nous met un dosimètre autour du cou. Le seuil de tolérance annuel - passé de 1 à 20 millisieverts par an après l’accident - autorise à rentrer dans la zone interdite environ 3 à 5 heures par jour. Le compteur Geiger se met à grimper dès que nous sortons de la station. Nous passons un deuxième point de contrôle. Notre guide tend ses papiers de résident en murmurant sous son masque : “Presque sept ans après, on a toujours besoin d’autorisation et d’une combinaison pour rentrer chez soi”. Installé dans la préfecture voisine d’Ibaraki, ce quadragénaire fait le voyage une fois par mois depuis six ans. “Je photographie et filme pour garder une trace de la ville, je veux montrer ces images à mes enfants pour leur expliquer pourquoi nous sommes maintenant réfugiés à Ibaraki car je ne peux pas les amener ici”. Nous passons d’immenses champs remplis de sacs noirs et croisons un sanglier près du cimetière bordé de voitures abandonnées....
