L'heure au Japon

Parution dans le n°49 (avril 2015)

tora san japon

Le réalisateur a construit une grande partie de sa légende cinématographique dans le quartier de Shibamata, à Tôkyô. Depuis des temps reculés, en particulier depuis l’établissement du shogunat à Edo, Tôkyô a été divisé en deux parties distinctes. A l’ouest du château d’Edo où se trouve actuellement le Palais impérial, les vassaux du shogun avaient établi leurs grandes propriétés dans les collines de Yamanote tandis que les familles de marchands vivaient dans la partie orientale, à savoir Shitamachi, c’est-à-dire la ville basse. Même après la fin du régime shogunal et au début de la modernisation du pays, les classes moyennes inférieures ont continué à s’entasser dans cette partie de la ville, sur les deux rives de la Sumida, donnant à ces quartiers une forte identité populaire. Quand on évoque Shitamachi, il y a peu d’icône culturelle aussi populaire parmi les Japonais que la figure de Tora-san. Le personnage principal de la série d’Otoko wa tsuraiyo [C’est dur d’être un homme] incarne l’Edokko typique toujours de bonne humeur et tellement peu Japonais dans son affirmation de soi. Tora-san, c’est bien sûr le représentant de Shibamata, le quartier populaire situé à l’est de l’arrondissement de Katsushika qui jouxte la préfecture de Chiba. C’est là que sa famille réside et qu’il revient au terme de chacune de ses aventures picaresques. C’est d’ailleurs sa statue qui nous accueille à la sortie de la gare. Shibamata a bâti une grande partie de sa notoriété grâce aux films de Yamada Yôji et son quartier commerçant s’adresse largement aux touristes, nombreux à patienter pour faire des photos devant le bronze de Tora-san. Cela dit, le quartier offre bien d’autres attraits pour ceux qui veulent faire l’expérience de ce Tôkyô d’antan qui a désormais disparu du reste de la ville. Après avoir salué Tora-san, nous nous dirigeons vers la gauche et nous passons une arche en bois décorée de motifs cubiques. Sur le chemin, nous croisons plusieurs boutiques dont celle d’un marchand de glaces à la patate douce. Au bout de 3 minutes, nous arrivons à un petit carrefour. Devant nous, un robot rouge vif, dont le corps est un ancien distributeur de boissons, nous invite à pénétrer dans un incroyable petit bâtiment. Au rez-de-chaussée, Haikara Yokochô propose des dagashi (sucreries traditionnelles) et d’autres produits. Mais le véritable trésor est composé par tout un tas de vieux jeux d’arcade avec lesquels les visiteurs peuvent s’amuser. Le 1er étage abrite le musée du jouet (Omocha hakubutsukan). Ce n’est pas étonnant puisque l’arrondissement de Katsushika est célèbre pour ses fabricants de jouets. A partir des années 1930, chaque quartier possédait son dagashiya qui correspond aujourd’hui aux kombini, ces supérettes ouvertes 24h/24. Ces petites boutiques ne vendaient pas seulement des bonbons mais aussi de quoi grignoter. On y trouvait aussi les dagangu, de petits jouets en plastique, qui attiraient des hordes de gamins prêts à dépenser quelques pièces de monnaie pour posséder un de ces trésors. A la droite du musée, une nouvelle arche marque l’entrée de la rue qui mène au Taishakuten, le principal temple du quartier. Longue de 200 mètres, elle a conservé un charme un peu suranné. ...

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