L'heure au Japon

Parution dans le n°14 (octobre 2011)

coree japon

Les fans de pop coréenne sont de plus en plus nombreux au Japon. C’est dans ce quartier qu’on les retrouve. Visite guidée. Les rapports entre le Japon et la Corée ont toujours été chaotiques. L’annexion de la péninsule coréenne en 1910 par l’empire du Soleil-levant a laissé un goût amer chez les Coréens qui ont longtemps eu du mal à oublier le joug nippon. Par ailleurs, les Japonais ont souvent considéré par le passé les personnes d’origine coréenne comme des fauteurs de troubles ou des êtres maléfiques. En 1923, au lendemain du séisme qui avait ravagé la région de Tôkyô, des centaines de Coréens ont perdu la vie à la suite de rumeurs les accusant d’être responsables de tous les malheurs qui frappaient le pays. Utilisés comme main-d’œuvre dans l’archipel pendant la Seconde Guerre mondiale, des milliers de personnes originaires de la péninsule sont restées coincées au Japon après 1945. Les Zainichi [ceux qui sont restés au Japon], comme on les a surnommés, ont subi toutes sortes de discriminations qui, avec le temps, se sont heureusement estompées. Le temps aidant à panser les blessures (même si toutes les plaies ne sont pas refermées), les jeunes générations des deux côtés du détroit de Tsu-shima ont fini par mieux s’accepter et s’ouvrir à la culture du voisin. La Coupe du monde de football coorganisée par la Corée du Sud et le Japon en 2002 a joué en ce sens un rôle déterminant, puisque les autorités coréennes ont levé les restrictions sur les importations de produits culturels japonais, tandis que les Japonais commençaient à s’intéresser de plus en plus à la culture venue de Corée. Près de dix ans après cet événement, l’intérêt pour la culture pop made in Korea ne cesse de croître. Résumé par l’expression K-pop (Korean pop) en opposition à la J-pop (Japanese pop), cet engouement concerne toutes les couches de la population. Ce fut d’abord les Japonaises dans la quarantaine qui tombèrent amoureuses de la série Fuyu no sonata [Sonate d’hiver] à partir du printemps 2003 et de ses acteurs avant que cette attirance ne touche un public plus large et dépasse le cadre de la télévision. Peu à peu la musique est devenue un des vecteurs les plus importants dans la diffusion de la culture coréenne dans l’archipel. Les groupes ont commencé à déferler, attirant chaque jour de nouveaux amateurs prêts à succomber à leur charme et à leur talent. Pour profiter à fond de leur passion, certains fans n’hésitaient pas à faire le déplacement vers la Corée voisine, se rendant sur les lieux de tournage de leurs séries préférées ou à des concerts. Même si le nombre de Japonais, qui font le voyage dans la péninsule pour assouvir leur passion, reste très élevé, ils peuvent tout aussi bien se plonger dans l’univers coréen à Tôkyô. D’une part, les publications consacrées à la K-pop ont poussé comme les champignons après une averse. D’autre part, le quartier de Shin-Ôkubo est devenu le rendez-vous obligé de tous ceux qui consomment la culture coréenne. Du supermarché à la boutique de CD, en passant par les restaurants spécialisés, tout ce que la Corée compte d’intéressant s’y trouve. Situé au nord de Shinjuku sur la ligne Yamanote, équivalent de la petite ceinture à Paris, le quartier de Shin-Ôkubo s’est imposé depuis 5 ans comme le lieu incontournable des amoureux des stars de la K-pop. En l’espace de quelques années, ce lieu cosmopolite, où vivait une partie de la population immigrée de la capitale, s’est peu à peu transformé en bastion coréen. Les femmes au foyer tombées sous le charme de Bae Yong-joon, star de la série Fuyu no sonata, contribuèrent grandement à transformer ce quartier avec ses petites épiceries en un espace spécialisé dans les produits culturels coréens. Aujourd’hui, la population que l’on rencontre le plus dans les rues de Shin-Ôkubo est principalement composée d’adolescentes et de jeunes adultes, en quête des dernières nouveautés en provenance directe de Séoul. Le boom des boys bands coréens y est pour beaucoup. BigBang ou encore Dongbang Singi, pour ne citer que ceux-là, ont détrôné une partie des vedettes nippones tandis que les groupes féminins comme Kara et Sonyeo Sidae (Girls’ generation) ont commencé à faire de l’ombre à leurs homologues japonaises. Peu à peu, la mode est en train de changer sous l’influence coréenne,...

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