L'heure au Japon

Parution dans le n°28 (mars 2013)

Plutôt que de se rendre dans les grands centres historiques, Zoom Japon vous convie à découvrir des lieux moins connus. Les amateurs d’histoire et de vieilles pierres sont parfois déçus par le Japon parce que les guides touristiques se concentrent la plupart du temps sur les temples et les sanctuaires qui ont passé les siècles malgré les catastrophes naturelles et les incendies ou sur les châteaux impressionnants par leur architecture, mais qui, pour la plupart, ne sont que des reconstructions récentes dans la mesure où ils ont été détruits à la fin du XIXème siècle lors de la phase de modernisation du pays ou lors des bombardements américains pendant la Seconde Guerre mondiale. Voilà pourquoi Himeji et son château du XVIIème siècle classé Trésor national (voir Zoom Japon n°4, octobre 2010),  Kyôto (voir Zoom Japon n°22, juillet-août 2012)ou encore Nara (voir Zoom Japon n°1, juin 2010) avec leurs innombrables temples inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco sont les principales destinations pour ceux qui souhaitent se replonger dans l’histoire ancienne du Japon. Ailleurs, les affres de la guerre ou la course à la croissance ont eu raison des quartiers anciens qui fleuraient bon ce Japon des films de samouraïs avec ces rues commerçantes et leur agitation quotidienne. C’est du moins ce que l’on peut croire si l’on ne cherche pas à sortir des sentiers battus. Il reste en effet, ça et là, des espaces qui ont échappé au tragique destin que l’histoire moderne et contemporaine a réservé à la plupart des zones urbaines bâties à l’époque d’Edo (1603-1868). Beaucoup de Japonais qui ont la nostalgie de cette période se rendent aux studios de la Tôei, Uzumasa Eigamura, situés à Kyôto pour se replonger dans cette atmosphère. Mais il s’agit de décors de cinéma, certes encore utilisés, mais l’illusion ne dure pas longtemps même si l’on peut admirer une réplique grandeur nature du fameux pont de Nihonbashi qui était au XVIIème siècle le point de départ de toutes les routes japonaises. La visite de ces studios vaut néanmoins le détour dans la mesure où l’on peut assister en direct au tournage de certaines séries historiques. Mais pour avoir un contact plus réel avec l’architecture en vogue dans ce Japon des siècles passés, il suffit de prendre le train à Nara en direction du sud. A une vingtaine de kilomètres sur la ligne Kashihara exploitée par la compagnie Kintetsu (descendre à Yagi Nishiguchi) ou sur la ligne JR Sakurai (descendre à Unebi), se trouve le quartier d’Imai (Imaichô) qui regroupe quelque 600 demeures construites dans leur grande majorité au XVIIème siècle. La plus ancienne, la maison de la famille Imanishi, date de 1650. Imposante, elle est une très belle illustration de l’architecture de l’époque. Elle se situe à l’extrémité est du quartier à proximité de la maison de la famille Toyoda dont la construction remonte à 1662. Propriété d’un négociant en bois, elle est caractéristique de ces bâtisses qui servaient à la fois de maison d’habitation et de magasin. On peut la visiter et ainsi découvrir une architecture impressionnante et étonnante. Il y a d’abord la cour intérieure couverte où était installée la cuisine. En pénétrant dans la maison, le magasin (mise) est tout de suite sur la gauche. A l’époque, les affaires se traîtaient autour d’un bol de thé et les clients se déchaussaient pour venir discuter des prix et des quantités avec le patron. Ce dernier, qui devait être un excellent commerçant, s’était fait aménager une pièce dans laquelle il pouvait s’enfermer pour compter les recettes du jour et y dormir pour les protéger. Dotée d’une porte en bois à fermeture automatique (qui fonctionne encore), cette pièce étonnante sans fenêtre pour éviter les cambrioleurs était réservée au seul propriétaire des lieux. Même son épouse ne pouvait pas y pénétrer. D’autres maisons de ce type sont ouvertes au public. Elles sont en général grandes et illustrent la richesse de ce quartier qui est devenu le centre commercial de la région. La promenade dans les rues étroites d’Imaichô est des plus agréables. On remarque notamment qu’elles ne sont jamais très longues. Souvent coupées par d’autres ruelles, ces passages ont ainsi été conçus pour éviter au maximum les embuscades. L’intérêt de la promenade est aussi d’observer les toits avec leurs magnifiques ornements. Depuis quelques années, les autorités font de gros efforts pour redonner vie à ce quartier et lui permettre de retrouver son atmosphère originale. Ils ont ainsi enterré les fils électriques qui polluaient le paysage, rendant à Imaichô son cachet. Pour profiter pleinement de l'atmosphère tranquille de ce lieu, rien ne...

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