L'heure au Japon

Parution dans le n°64 (octobre 2016)

Qu’est-ce qui a pu inspirer une résistance si tenace ? En vérité, Tomo dispose bien plus que sa vue enchanteresse. C’est d’abord le seul port japonais en état de l’ère Edo (1603-1867), avec environ 80 bâtiments datant de cette époque. Mais son importance historique va beaucoup plus loin. Les courants venus de l'est et de l'ouest se rencontrent ici. Dans les temps anciens, les navires attendaient ici que la marée tourne, ce qui a valu à la cité portuaire d’être surnommée machi shio no minato (le port où l’on attend les marées). D'autres navires venaient trouver refuge dans sa baie protégée, le temps que la tempête passe. Pendant l’ère Edo, il a connu la prospérité grâce au commerce avec l’Asie continentale. On dit que ses magasins étaient tellement sollicités qu’ils restaient ouverts nuit et jour, tandis que les émissaires de Corée et des Pays-Bas louaient sa beauté. On dit aussi que le poète et érudit Rai Sanyô (1780-1832) a travaillé sur son importante Nihon Gaishi (Histoire du Japon) à Tomo-no-ura, et que Sakamoto Ryôma, le fameux dirigeant du mouvement favorable au renversement du shogunat des Tokugawa, se serait caché après le naufrage de son navire l’Irohamaru, en 1867. L'épave n'a été retrouvée que 100 ans plus tard. Elle est maintenant exposée au musée Irohamaru, situé à côté du phare Jôyatô. Ce riche héritage historique imprègne le labyrinthe composé par ses rues étroites, ses vieux temples et ses ruelles fouettées par le vent, où chaque bâtiment est un trésor national. Vous pouvez le sentir dans le vieux bois des maisons de marchands. A l’instar de la résidence Ota, une ancienne brasserie de hômeishu (un vin de riz à base de seize plantes, la spécialité locale). Elle est non seulement célèbre parce que ses premiers propriétaires avaient obtenu les droits exclusifs de le produire, mais aussi parce que Sanetomi Sanjô et six nobles de la cour en route pour Chôshû (aujourd'hui Yamaguchi) y ont été arrêtés lors du soulèvement militaire pro-empereur le 30 septembre 1863. Il y a aussi la légende du pont des soupirs, l’histoire locale...

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