Comment vous est venue l’idée de créer ce manga ? C. M.-D. : Après avoir voyagé à Tôkyô, je voulais raconter une histoire qui se passe dans le Japon du XIXe siècle pour parler à ma génération, et de manière plus large à tous ceux qui aiment le Japon, que ce soit du manga ou du raffinement de la culture japonaise. D’ailleurs, mon lectorat est âgé de 5 ans à 95 ans. Je voulais faire une bande dessinée en estampes. Je voyais des similitudes entre Akira et certains dessins de Hokusai ou bien Hergé et des paysages de Hiroshige. L'ukiyo-e possède tous les germes de la bande dessinée en elle, que ce soit les cases, les cartouches, les phylactères. Tout existait déjà. Sauf peut-être la narration, comme on l’entend dans la bande dessinée. Je voulais créer un livre qui se lise comme un manga, mais qui procure la sensation de parcourir un recueil d'estampes. Quels sont les artistes japonais dont vous vous êtes inspiré pour ce manga ? C. M.-D. : Harunobu est pour moi celui qui dessine le mieux les beautés japonaises. Tous mes personnages sont basés sur son graphisme que je trouve être la plus belle des lignes claires. Pour les paysages, je me suis beaucoup inspiré d'Hiroshige. J’ai tenté de respecter au maximum le trait et les compositions de ces artistes. Je ne réinterprète pas ou je n’ajoute pas de touches personnelles, pour qu’on retrouve ce style trop rare et tellement beau, lequel est aussi bien plus moderne qu’on ne le pense. Je regarde énormément d'estampes, de façon quotidienne. Pour le second tome, je m’inspire de Hokusai qui est un des maîtres absolus du dessin. Sinon Kuniyoshi, pour tout le fantastique...