L'heure au Japon

Parution dans le n°79 (avril 2018)

Il n’y a pas encore si longtemps, les malades de la lèpre étaient coupés du monde et voyaient leurs repas imposés. Ceux qui ont vu le film Les Délices de Tokyo de Kawase Naomi, ou lu le roman de Sukegawa Durian (trad. par Myriam Dartois-Ako, éd. Albin Michel) dont il est inspiré se souviendront de la ségrégation subie par les anciens malades de Hansen (lèpre). D’ailleurs, une partie de ce film a été tournée au sanatorium de Tama Zenshô-en, à l’ouest de Tôkyô. Dès le début du XXe siècle, le gouvernement japonais a adopté une politique d’enfermement à vie des malades de Hansen, créant des sanatoriums plus destinés à les isoler qu’à les soigner. Coupés du monde extérieur, les malades devaient travailler dans un système quasi autarcique pour ce qui est de la nourriture. Un grand potager et un verger ont été implantés sur le vaste terrain du sanatorium où l’on pratiquait également l’élevage de cochons, de vaches et de poules. Cultiver des plantes ou élever des animaux pouvait être l’une des joies qui remplissaient les cœurs des malades, mais tout n’était pas aussi idyllique qu’on pourrait le penser. Ces travaux forcés les épuisaient et les labours leur causaient des infections. Aussi, à chaque repas, ils devaient chacun à leur tour aller prendre de lourdes gamelles qu’ils emportaient dans leur lotissement. Un témoignage rapporte le cas de non-voyants contraints de faire...

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