L'heure au Japon

Parution dans le n°78 (mars 2018)

Comment présenteriez-vous en quelques mots l’histoire de votre île et sa situation actuelle ? I. N. : Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’explorateur Matsuura Takeshirô, a dessiné des cartes précises de l’île, qui s’appelait alors Ezo, ainsi que de l’île de Sakhaline. Il avait alors déjà alerté sur les risques d’extermination que l’administration exercée par le clan Matsumae faisait peser sur les Aïnous. Après la Restauration de Meiji, en 1896, il a participé au programme de défrichement et d’exploitation d’Ezo, mais, malgré le respect dont il jouissait, sa proposition de renoncer au système jusque-là imposé par Matsumae n’a pas été acceptée par le nouveau gouvernement de Meiji. Selon ce système aucune chance n’était donnée aux Aïnous de participer à l’administration de leur territoire. Matsuura a donc démissionné, renoncé à ses titres et est rentré à Tôkyô. Jamais il ne retournera à Hokkaidô. Les Aïnous furent relégués à un statut de kyûdojin soit les “anciens autochtones” qui ne sera aboli qu’en 1997. Hokkaidô a été une colonie japonaise, dans le sens littéral du terme japonais shoku-min-chi = terre où l’on implante une population : des hommes condamnés au bannissement, des samouraïs de classes inférieures originaires du nord-est du Japon, des vaincus de la guerre civile Boshin, des aventuriers ambitieux mais surtout sans le sou, prêts à tout tenter sur un sol nouveau, des fils déshérités (du fait de leur position seconde ou troisième dans la fratrie), voilà ce que sont le plus souvent nos ancêtres de Hokkaidô. L’île était traitée différemment des autres territoires : le fait qu’elle ne soit pas une préfecture dans le découpage administratif japonais n’en est qu’une preuve supplémentaire. Autre exemple : au Ministère du territoire, des infrastructures et des transports existe un département de l’aménagement ...

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