
Vous êtes originaire de Hokkaidô. Ikezawa Natsuki : Je suis né un mois après la fin de la guerre sur cette île qui a longtemps été considérée et gouvernée comme une semi-colonie : il y a à peine un peu plus d’un demi siècle qu'elle a été reconnue officiellement comme un territoire japonais à part entière. Mes ancêtres étaient des fermiers qui ont quitté le “centre” du pays pour immigrer dans ce lieu situé à sa périphérie. Le fait que je sois né sur cette île colonisée n’est pas étranger à la volonté qui m’a toujours animé d’examiner le Japon en maintenant une certaine distance avec son centre. D’où mes voyages un peu partout dans le monde et, au Japon, le choix de m’installer à Okinawa ou maintenant à Hokkaidô. Le “retour” à Hokkaidô est aussi dû à mon âge : je ne suis plus très jeune et j’ai senti une attirance pour un endroit proche de ma terre natale, Obihiro. Je n’aime pas Tôkyô, mais la centralisation générale fait que je dois m’y rendre relativement souvent (pour rencontrer des éditeurs, participer à des émissions de radio ou de télévision, etc.) alors je m’organise toujours un emploi du temps me permettant de rester le moins possible dans la capitale. Du coup, mes journées sont trop remplies et je suis épuisé. Alors je rentre chez moi en me plaignant que Tôkyô est une ville éreintante... tout en étant conscient bien entendu de ma part de responsabilité… En 2003 vous avez publié un roman sur l’installation de “colons” japonais sur l’île de Hokkaidô. C’était avant de vous y réinstaller... I. N. : Shizuka na daichi [Terra tranquilla, non traduit en français] traite de mes ancêtres du côté maternel (mon arrière-grand-père et son frère) venus à Shizunai pour travailler dans...
