L'heure au Japon

Parution dans le n°95 (novembre 2019)

vin japon

Il faut dire que le travail de vulgarisation que quelqu’un comme Tamamura Toyoo accomplit de longue date porte ses fruits. Par ses écrits, il a non seulement transmis l’intérêt pour les vins à proprement parler, mais il a témoigné, avec des exemples concrets, ce que signifiait devenir vigneron, ou aller vivre à la campagne. Il détaille dans certains de ses livres les législations extrêmement complexes de l’administration japonaise, et les démarches à suivre pour produire du vin, qui peuvent servir de repère à ceux qui aspirent à planter leurs vignes, tout comme au grand public. La triple catastrophe du 11 mars 2011 a évidemment beaucoup joué dans le changement de mentalité des Japonais. Il raconte qu’avant, c’étaient surtout des hommes quadragénaires, voire quinquagénaires, amateurs de vins et issus de milieux plutôt aisés (médecin, avocat ou ceux qui travaillaient dans les finances…) qui se reconvertissaient dans le vin en investissant ce qu’ils avaient gagné. Or, depuis huit ans maintenant, de plus en plus de jeunes couples s’installent dans différentes régions pour se consacrer à l’agriculture. Avant, les femmes étaient plutôt réticentes à suivre leurs maris dans l’accomplissement de leur “rêve” de faire du vin. Désormais, les jeunes femmes, soucieuses de l’environnement dans lequel évoluent leurs enfants (à venir, parfois) peuvent prendre l’initiative de cette nouvelle vie. La preuve : on compte 30 % de “vigneronnes” qui produisent du vin japonais. “Le milieu du vin peut être le plus moderne dans le monde de la production”. C’est ce qu’on entend souvent dans le milieu du vin japonais. Les techniques de fabrication, les erreurs que l’on risque de commettre ou les astuces se trouvent facilement sur les sites en libre consultation. Les femmes y participent, les relations sont franches et claires. Ce milieu est né assez récemment au Japon, ce qui lui a sans doute évité d’être contaminé par les vieilles coutumes machistes ou fermées qu’on peut trouver dans certains milieux traditionnels de ce pays. Certains disent que le prix des vins japonais, qui ne sont pas forcément les moins chers compte tenu de la main-d’œuvre, risque d’être un frein à leur popularisation. Mais ce ne sont pas les vins japonais qui coûtent cher, ce sont les alcools qui ne sont pas “assez chers” au Japon. Les bouteilles de vin vendues dans les supermarchés, que ce soient les  kokusan wain ou les vins étrangers, ne coûtent parfois que 500 yens (3,5 €). Une bouteille de boisson alcoolisée de 350 ml ne coûte que 100 yens (moins de 1 €) dans les konbini, ces supérettes ouvertes 24h/24. Difficile, dans cette situation, de convaincre les gens que les vins peuvent être délicieux, mais que les bouteilles peuvent être vendues 20 €… Une situation dont...

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