L'heure au Japon

Parution dans le n°86 (décembre 2018)

Cette veuve est entourée de ses trois enfants et huit petits-enfants. Energique, sa force transpire par tous les pores de sa peau. “Il faut une santé physique de fer pour être ama. La plus jeune de notre communauté a 46 ans. Je connais une ama qui plonge encore dans la région de Wajima, dans la péninsule de Noto qui donne sur la mer du Japon, alors qu'elle a 82 ans : tout est dans le mental. Malheureusement, c’est un métier qui va complètement s’éteindre, nous sommes les toutes dernières”, explique-t-elle avec regret. Mayumi a appris le métier auprès d’une professeure qui lui était chère, “plonger et nager cela n'a rien à voir. Il faut plusieurs années d'apprentissage avant d'être efficace.” La résistance au froid est “naturelle. Personnellement, je plonge même en hiver, je vais chercher des namako (concombres de mer)”. Une vie au rythme des caprices de la météo, et “c'est bien cela le plus difficile : devoir sans cesse jongler avec le climat pour savoir si l’on peut plonger ou pas”. Sur un ton taquin: “Aujourd'hui, il y a aussi des hommes qui plongent mais ils portent des combinaisons étanches : ama c’est un métier de femmes, ils ne pourraient pas résister aussi bien que nous sans toutes leurs protections.” A Sato-umi-an, certaines ama-san se prêtent au jeu de la rencontre avec les gens de passage et les sensibilisent à leur métier. Dans une hutte de bois située face à la mer, elles font griller poissons et coquillages, et expliquent leurs méthodes, présentent les outils qu’elles s’autorisent pour arracher les fruits de mer à la roche, autour d'un déjeuner copieux. “Nous avons chacune nos petits secrets : j’ai confectionné moi-même mon masque de plongée par exemple”, montre-t-elle fièrement. Pour ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances sur la culture perlière de la région, Morita Tochiko accueille les...

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