Tout est fait pour que les clients se transportent, le temps de leur séjour, dans l’atmosphère du Japon et qu’ils en apprennent les codes. C’est notamment le cas pour le bain grâce à “une leçon” de quelques minutes au cours de laquelle on détaille l’art et la manière de se comporter dans un bain public. La seule entorse au bain à la japonaise, c’est qu’on pénètre dans le bain avec un maillot fourni par l’établissement. La nudité n’est de mise que dans le grand bain installé dans chacune des grandes salles de bain. Cela n’empêche pas de profiter pleinement des rotenburo (bains extérieurs) dont l’atmosphère rappelle ceux du Japon. Donnant sur des paysages extraordinaires, c’est un excellent moyen de décompresser et de voyager. On finirait par croire que l’on a fini par être téléporté de l’autre côté de la planète. Le personnel de Yasuragi fait d’ailleurs des séjours réguliers au Japon pour “s’imprégner de la qualité du service”, insiste Kersti Olophsdotter. Il propose de nombreuses activités grâce auxquelles leurs clients se familiarisent avec la culture nippone. Côté cuisine, pas de mauvaises surprises non plus. La large variété de plats japonais proposés, parfois accommodés à la sauce suédoise, ne manquera pas de satisfaire les palais les plus délicats. L’ouverture d’un bar à saké va parfaitement compléter cette volonté d’entretenir l’harmonie de tous les sens dans cet endroit qui n’a rien à envier aux meilleurs ryokan de l’archipel. “Certains viennent y passer la journée, mais la plupart du temps, nos clients sont là pour une ou deux nuits. C’est la meilleure façon de déconnecter”, assure Kersti Olophsdotter. Lorsqu’on quitte l’établissement par le petit sentier qui mène jusqu’au petit port de Hasseludden où l’on emprunte le bateau du retour, on peut faire un petit tour par le jardin “japonais” qui surplombe les eaux de la Baltique.
L’expérience japonaise à Stockholm ne se limite pas à ce magnifique ryokan. Elle peut se prolonger dans l’un des nombreux restaurants qui ont ouvert leurs portes dans la capitale suédoise. Comme dans d’autres villes européennes, on trouve des dizaines de sushi bars qu’il vaut mieux éviter. Leurs noms exotiques – Panda Sushi bar ou Sushi bar Yin Yin – suffisent à nous inciter à la prudence. En revanche, il ne faut pas hésiter à faire un détour par le Blue Light Yokohama. Situé à Södermalm, le coin bobo de Stockholm, ce restaurant, qui doit son nom à la célèbre chanson d’Ishida Ayumi, numéro un des ventes en 1968, offre une cuisine simple mais revigorante qui rappelle les meilleures tables des quartiers populaires de Tôkyô. On y trouve entre autres de délicieux râmen comme le tonkotsu yuzu râmen à 155 couronnes suédoises (16 €) servis le dimanche. Et si l’on préfère savourer cette cuisine dans l’un des nombreux parcs de la capitale, Blue Light Yokohama propose des bentô à 95 couronnes suédoises (10 €). Une autre adresse des plus recommandables pour garder la ligne japonaise à Stockholm se situe à Östermalm. Råkultur s’est installé dans un ancien établissement scolaire et s’est imposé comme l’une des adresses incontournables de la ville. S’il ne s’agit pas d’un restaurant 100 % japonais, il est très largement inspiré par la cuisine nippone. Dirigé par une équipe de chefs venus du Japon, de Chine, de Thaïlande et de Mongolie, l’établissement propose une carte alléchante où les plats d’inspiration japonaise sont les plus nombreux. La principale différence réside dans les ingrédients qui accordent une large place à la production locale. Le poisson, les légumes, les condiments sont scandinaves, mais leur préparation est japonaise avec parfois une touche thaïe ou chinoise. Cela donne une cuisine très raffinée qui n’est pas la plus abordable compte tenu des quantités servies. Il faut compter 175 couronnes suédoises (18,40 €) pour un chirashi sushi ou encore 70 couronnes suédoises (7,30 €) pour un temaki sushi délicieux au demeurant.
Le Japon à Stockholm est aussi présent au niveau culturel avec des expositions régulières comme celle organisée au Musée ethnographique cet été. Les grands artistes nippons comme Kusama Yayoi au Musée d’art moderne (jusqu’au 11 septembre) sont aussi régulièrement invités. Le Japon est même présent dans l’appartement-musée du grand écrivain August Strindberg qui, comme ses contemporains au début du XXe siècle, a manifesté un réel intérêt pour l’art japonais. Autant de lieux qui compléteront à ravir cette plongée nippone au cœur de l’une des villes les plus agréables d’Europe.
Gabriel Bernard