La région des lacs qui entoure le célèbre volcan regorge de nombreux trésors parmi lesquels le musée Kubota.
Au pied du mont Fuji se déploie une région de lacs, cascades et grottes avec d’époustouflants paysages naturels. A deux heures de Tôkyô, la région des Fujigoko ou “des cinq lacs” offre un intéressant but de balade d’une journée loin du tumulte de la mégalopole. Le lac Kawaguchiko, célèbre pour refléter l’image du volcan le plus fameux du pays, est, parmi les cinq lacs, le plus facile d’accès depuis la capitale. Le long de sa côte nord, niché au cœur de collines boisées, se trouve un musée fascinant consacré à Kubota Itchiku, artiste teinturier. Cet homme exceptionnel a voué son existence à recréer la technique perdue de teinture de kimono tsujigahana, populaire au Japon au XVe siècle.
Dès que vous pénétrez dans son univers, le ravissement commence. Les jardins, les bâtiments, la collection de kimonos, œuvre de l’artiste, tout ici contribue à la magie du lieu. C’est un voyage hors du monde, hors du temps qui vous attend. Né en 1917 à Tôkyô, Kubota devient à 14 ans l’apprenti de Kobayashi Kiyoshi, maître de teinture yuzen. A 20 ans, il fait sa première rencontre avec une pièce de teinture tsujigahana datant de la période Muromachi (XVe siècle) lors d’une visite au musée national de Tôkyô. Il reste devant cette œuvre un long moment, fasciné par sa beauté. Il se jure alors qu’un jour il parviendra à retrouver cette technique perdue depuis 300 ans – une sorte de “tie-dye” (teinture par nœuds) plus élaborée que celle que l’on a l’habitude de voir sur les tee-shirts hippies.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Kubota est envoyé en Sibérie comme prisonnier. Cette période de sa vie, bien que traumatisante, n’entame en rien sa détermination à reproduire la technique tsujigahana, bien au contraire. Chaque jour, alors qu’il voit ses compatriotes mourir de faim et de froid, il se fait le serment de survivre et de parvenir à reproduire sur des kimonos de soie, grâce à cette technique, les magnifiques couchers de soleil sibériens. A son retour de captivité, l’artiste se lance de façon quasi-obsessionnelle dans des années de recherche pour reproduire la fameuse méthode de teinture. Après vingt ans de persévérance, il y parvient. En 1977, alors qu’il a déjà 60 ans, il expose pour la première fois ses kimonos dans la capitale, puis très rapidement à travers le monde.