L’école Nakano udon se trouve au pied de Kompira-san, un sanctuaire shintoïste situé au sommet du Mont Zôzu. Depuis l’ère Muromachi, ce chemin de pèlerinage est populaire, mais son accès est difficile. Pour l’atteindre, il s’agit de trouver la force de gravir les 785 marches qui composent son entrée et mènent au sommet du mont Zôzu et son panorama incroyable sur la plaine. En redescendant, n’hésitez pas à vous arrêter au théâtre de kabuki, Kompira Oshibai, bâti en 1835, qui se trouve sur la route du retour. Il s’agirait du plus ancien théâtre du Japon. Le bâtiment en lui-même vaut le détour et peut-être visité toute l’année. En revanche, le calendrier des représentations est limité au seul mois d’avril.
Le chemin des jardins de Shikoku vous mènera toujours plus à l’ouest. Jusqu’à Kôchi, ville principale de la préfecture du même nom, où le jardin botanique Makino vous surprendra. Ouvert en 1958, on y retrouve 3 000 espèces de plantes parmi lesquelles de nombreuses découvertes par le professeur Makino Tomitarô lui-même. L’homme a dédié sa vie aux plantes. Sa passion dévorante pour la botanique l’a poussé à répertorier 400 000 espèces de plantes dont 1 500 qu’il a découvertes. Il avait lui-même choisi le lieu pour implanter ce jardin dans les montagnes avec vue sur la pleine lune à la nuit tombée. Il est malheureusement décédé un an avant que le jardin ne soit terminé et ouvert au public. Des jardins de plantes médicinales, d’innombrables fleurs, espaces pour pique-niquer et musée dédié aux travaux du professeur sont regroupés dans le jardin Makino. Les lieux abritent également un laboratoire d’études où l’on continue aujourd’hui à répertorier des espèces de plantes prélevées partout dans le monde entier.
A quelques kilomètres de là, un autre jardin de fleurs fait parler de lui depuis qu’il a décroché 3 étoiles au Guide Vert Michelin en juin 2015. Plutôt insolite cette fois, il s’agit du jardin Monet Marmottan dans le petit village de Kitagawa. Là, les 1 500 habitants ont entrepris de reproduire le jardin de Monet à Giverny avec une fleur phare qui n’existe pas dans la version française, mais qui était bien présente dans l’imaginaire du peintre : le nymphéa bleu. Tout l’été jusque fin septembre, on se presse pour observer leur floraison. “Nous sommes les seuls dans le monde à avoir le droit d’utiliser cette appellation, en dehors de Giverny”, précise avec une pointe de fierté Matsushita Kôsaku, le directeur du jardin Monet Marmottan de Kitagawa. Le Jardin Monet de Kitagawa se compose de trois espaces : le jardin des fleurs, le jardin de l’eau où se trouvent les nymphéas et le jardin de la lumière qui s’inspire des œuvres réalisées par Monet à l’issue d’un voyage effectué avec Renoir sur les côtes de la Méditerranée. L’ensemble du parc s’étend sur 30 hectares et possède plus de 55 000 spécimens de plantes. Des échanges ont été amorcés avec la France. “Depuis trois ans, Giverny a ses propres érables du Japon”, s’enthousiasme Kawakami Yutaka, le chef-jardinier.
Pour vous détendre après toutes ces visites, le Hirome ichiba à Kôchi vous propose, sous la forme d’un immense marché couvert, de goûter à, à peu près, toutes les spécialités régionales. Du poisson cru katsuo ou shirasu accompagné de bière parfumée au yuzu en passant par les frites de patate douce. Le dimanche matin, ne manquez pas le marché de la ville de Kôchi, réputé dans tout le pays pour sa grande diversité. On y vend des fruits et des légumes, du poisson et autres tsukemono (pickles) sur près de trois kilomètres. A goûter absolument malgré la file d’attente : l’imo-ten, un beignet de patate douce, à tomber. Ainsi que les sushis de légumes.
Pousser la porte des temples ou de certains restaurants peuvent également être l’occasion de découvrir des jardins incroyablement beaux. C’est le cas au temple Chikurinji qui en abrite deux. Ainsi qu’au restaurant Kao no niwa, connu pour avoir été la résidence d’une femme dont le célèbre samouraï et héros national Sakamoto Ryôma, natif de Kôchi, aurait été épris.
S’il vous reste un peu de temps, poussez la route jusqu’à la préfecture d’Ehime. Là, le jardin Tensha-en daté de l’ère Edo où fleurissent 2 000 iris au mois de mai vous ravira. Tout comme la villa Garyû-sansô, située dans la ville d’Ôzu, où l’on a réussi à incorporer naturellement la montagne Tomisuyama et la rivière Hiji à l’architecture d’un bâtiment à l’architecture traditionnelle de style sukiya-zukuri, dont l’esthétique s’inspire des maisons de thé.
Johann Fleuri
Carnet d’adresses
Nakano Udon Pour réserver un cours à la Nakano Udon gakko (compter 1h30 sur place) Tél. 0877-75-0001
www.nakanoya.net/school/kotohira.htmlKôchi Hirome Ichiba Ouvert tous les jours de 8h à 23h. A partir de 7h le dimanche.
www.hirome.co.jpRestaurant Kao no niwa Déjeuner de 11h30 à 15h et dîner à partir de 17h30 jusqu’à 21h. Fermé le lundi et au Nouvel an.
www.kaononiwa.jp