Faire un voyage au Japon pour aller à la rencontre des héros de bandes dessinées et de leurs créateurs, c’est possible.
Les bonnes raisons de se rendre au Japon sont nombreuses. On peut être épris de sa longue histoire et vouloir découvrir son riche héritage historique partout présent dans l’archipel. On peut souhaiter découvrir sa nature enchanteresse et se délecter de paysages uniques. On peut aussi s’intéresser à sa culture populaire si originale et chercher à partir sur les traces de ceux qui nous ont faits ou nous font encore rêver. C’est aux amoureux du manga et de l’animation made in Japan que s’adresse ce périple que nous commençons à Tôkyô. Point de départ pour de nombreux voyageurs, la capitale est évidemment un lieu incontournable pour les amateurs de culture pop. Si tout le monde a entendu parler d’Akihabara, devenu au cours des dernières années le centre commercial du Cool Japan avec ses restaurants, ses boutiques, ses bars et ses activités qui attirent une foule bigarrée, le quartier de Nakano situé à l’ouest de Shinjuku sur la ligne Chûô est bien plus intéressant car on y trouve au bout de la galerie marchande Broadway une multitude de boutiques qui regorgent de trésors. Mandarake est la plus célèbre mais il y en a des dizaines d’autres où le plus exigeant des visiteurs trouvera de quoi satisfaire sa curiosité et ses désirs. Éditions anciennes parfois rares, produits dérivés en tout genre, tirages signés mais aussi dernières nouveautés, on ne peut guère résister devant ces vitrines mal agencées qui reflètent la richesse du lieu. Et même si on est sans le sou, rien n’empêche de toucher, de feuilleter et de plonger dans ce capharnaüm.
A 500 kilomètres de là, à l’aboutissement de la fameuse Golden route qu’empruntent désormais des millions de touristes étrangers, se trouve le Musée international du manga à Kyôto. Comparé aux trésors architecturaux de l’ancienne capitale impériale, ce lieu inauguré en 2006 est d’une banalité sans nom puisqu’il s’agit d’une école primaire reconvertie pour accueillir les collections de l’université Seika et promouvoir cette forme d’expression graphique qui a conquis en quelques décennies une grande partie de la planète. L’établissement accueille environ 300 000 visiteurs par an parmi lesquels seulement 17 % d’étrangers. Pourtant, il offre de quoi répondre aux questions les plus diverses sur le manga. Il est à la fois une immense bibliothèque sur trois étages en accès libre avec également de nombreuses traductions en langues étrangères, un espace qui retrace de façon claire et pédagogique l’histoire du manga, un lieu d’expositions temporaires mettant l’accent sur un auteur ou un thème, mais aussi un centre d’activités très riche. Outre les séances de kamishibai (théâtre de papier) qui se déroulent tout au long de la journée dans une ambiance années 1950 et 1960, les ateliers organisés les week-ends et jours fériés sont également très prisés par le public qui apprécie de baigner dans cette atmosphère où règne une certaine nostalgie. La municipalité et l’université Seikan ont voulu conserver en l’état certaines salles de l’ancienne école ce qui convient bien à ce voyage dans le temps.