Chaque année, les Japonais attendent avec impatience le court moment où ils pourront profiter des fleurs de cerisiers.
Comme chaque année à pareille époque, le Japon est pris par la fièvre entourant la fleur de cerisier (sakura). Tandis que le front de floraison progresse quotidiennement d’environ 30 km du sud au nord, les Japonais planifient quel sera le meilleur jour et le meilleur endroit pour organiser hanami, le moment qu’ils consacrent à la contemplation des fleurs de cerisiers entre amis et dans une ambiance de fête. Certains disposent à l’avance une bâche bleue pour réserver une place sous leur arbre préféré. Pendant ce temps, des lanternes en papier sont suspendues aux branches des cerisiers le long des berges des rivières et dans les parcs où des étals sont installés. On y trouvera des calmars grillés, des takoyaki (beignets de poulpe) et de la bière. Beaucoup de bière. Tout est en place pour profiter de hanami.
Pourquoi une telle excitation autour des fleurs de cerisier. “L’éphémère est l’essence de la beauté japonaise”, estime Masuno Shunmyô, moine zen et paysagiste. Plusieurs éléments de la culture traditionnelle comme le haïku, la cérémonie du thé et la contemplation de la lune ont tous en commun de célébrer la beauté éphémère des saisons et de ces moments uniques qui ne se répètent jamais. En ce sens, les fleurs de sakura, qui se caractérisent par une beauté saisissante et une durée de vie éphémère, sont la quintessence de cette approche. Les fleurs de cerisiers sont à leur apogée pendant sept à dix jours, selon la météo. Il suffit d’un gros orage ou d’une journée venteuse pour les faire disparaître dans une tempête de pétales. Le charme disparaît alors trop vite, le pays perd son manteau rose et la réalité reprend le dessus. C’est précisément parce que les fleurs de cerisiers sont des beautés éphémères que les Japonais les célèbrent avec tant de ferveur.